Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Pourquoi les… pieds excitent davantage les hommes que les femmes

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Les pieds servent apparemment à autre chose qu’à marcher. Parmi les paraphilies les plus répandues, la podophilie émoustille toutefois bien plus d’hommes que de femmes. Pourquoi (mais pourquoi)?

C’était en décembre dernier, et apparemment pour des raisons médicales: Angelina Jolie avait débarqué pieds nus sur le plateau du présentateur-vedette Jimmy Fallon. Peut-être s’était-elle cognée contre la table basse, tel le commun des mortels, toujours est-il que la star américaine s’était cassé l’orteil et n’avait pas pu «trouver de chaussures assez confortables» (pauvre petit dressing, même pas une Birk’ qui traîne).

Il faut dire que l’actrice n’avait plus mis les pattes (chaussées ou pas) dans un talk-show depuis une décennie et que faire tomber l’escarpin reste une valeur sûre en matière de buzz, de Kristen Stewart grimpant les marches du festival de Cannes à plat en 2018 à Kendall Jenner en balade au Louvre sans baskets en juin dernier, en passant par… Joëlle Milquet les arpions à l’air dans le magazine flamand Nina en 2010 (elle leur a tout appris; Dieu que les commentateurs avaient pu commenté l’«audace» de celle qui était à l’époque présidente du CdH).

© Todd Owyoung/NBC via Getty Image

Tactique gagnante, donc: du Canada à l’Inde, de l’Allemagne à l’Afrique du Sud, des articles ont relayé les pieds nus de miss Jolie. Même le très sérieux New York Times s’est fendu de longues lignes à ce sujet, l’autrice se questionnant par exemple sur le caractère sanitaire de la pratique, le sol étant «un réservoir de germes et de bactéries» (mais personne n’a parlé de le lécher non plus, hein).

Nul ne semble en revanche s’être interrogé au sujet du caractère genré du peton déchaussé. Il suffit de mener une recherche sur Google pour s’en convaincre: «femmes pieds nus» propose moult photos de «belles» dames sans godasses, tandis que la variante masculine de ces mots-clés renvoie largement vers… des sites de vente de baskets et autres bottines.

Peut-être serait-il pertinent, chers podophiles, de consacrer autant d’énergie à mater les pieds des femmes qu’à les aider à prendre le leur.

Bref, l’homme pieds nus passe inaperçu. Des orteils féminins à l’air libre semblent a contrario dégager… une forme d’érotisme. La chanteuse Lily Allen n’a-t-elle pas déclaré, en juillet dernier, que les photos de ses pieds publiées sur son compte OnlyFans lui rapportaient davantage que les écoutes de ses chansons sur Spotify? Le site Internet wikiFeet (qui attirerait chaque mois plus de trois millions de visiteurs) n’affiche quasiment que des panards de dames (connues, de préférence).

Une étude de l’université d’Anvers, réalisée en 2017 et portant sur la prévalence des fantasmes BDSM au sein de la population, démontre que le fétichisme des pieds –ou podophilie; attention, chaque lettre compte– est une paraphilie qui émoustille 16,6% des hommes, contre 4,1% des femmes (1).

«Comprendre, ne pas juger», comme disait Simenon. La pédisturbation (consentie) ne fait après tout de mal à personne. Selon Freud (mais bon, on lui doit aussi le concept foireux de l’orgasme vaginal), le peton représenterait pour certains un symbole phallique. Il paraît par ailleurs que la «branlette thaïlandaise», pour reprendre son nom courant, était particulièrement tendance entre le XVIe et le XIXe siècles, alors que des épidémies de gonorrhée et de syphilis ravageaient l’Europe. Sans doute s’avère-t-il utile de rappeler ici que le préservatif a été inventé, depuis. Et peut-être serait-il pertinent, chers podophiles, de consacrer autant d’énergie à mater les pieds des femmes qu’à les aider à prendre le leur.

(1) Cette étude, publiée dans The Journal of Sexual Medicine, démontre globalement que les hommes sont bien plus sujets au fétichisme, quel qu’en soit l’objet.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire