Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Pourquoi les hommes boivent davantage de sodas

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Les hommes consomment davantage de sodas que les femmes. Et adoptent, globalement, des comportements plus à risque. Ce qui engendre des conséquences, notamment pour les finances publiques.

Il y a des records qui ne rendent pas particulièrement fier. Ainsi, la Belgique est la championne européenne de la… consommation de sodas. Genre médaille d’or. L’Usain Bolt de la bulle, le Léon Marchand de la canette: 122 litres par an et par habitant en 2023, contre 97 litres pour la moyenne européenne, et même 61 pour la France et 52 pour l’Italie. Colas & Co sont ingurgités quotidiennement par un Belge sur cinq (20,4%, contre 9,1% pour la moyenne européenne).

Un Belge, oui, pour une fois le masculin générique se révèle adéquat. Car les hommes dégainent bien plus souvent l’opercule (50%) que les femmes (36%). Mais bonne chance pour dénicher une étude qui tente de déchiffrer ce phénomène; les chercheurs ne semblent pas particulièrement curieux sur ce point. Bah! C’est pas comme si ces messieurs, arrivés au mitan de leur existence, étaient «globalement plus susceptibles de souffrir de surpoids que les femmes (53% contre 46%)», hein!.

Pourtant, qui cherche principalement à perdre du poids? Elles, bien sûr (31% contre 24%). Sans doute est-ce pour ça qu’elles ne se saoulent pas au Fanta. Trop conscientes de ce que quelques kilos en trop peuvent sociétalement leur infliger.

Peut-être est-ce également pour cette raison que le marketing, en matière de breuvages pétillants, aurait principalement ciblé les hommes (si ChatGPT l’affirme, c’est sûrement vrai). Paraît qu’une canette symbolise la virilité et le dynamisme, voire un mode de vie sportif. Peut-être ces consommateurs espèrent-ils, à force de consommer, ressembler aux fameux «Diet coke men», légendaires musclés de l’histoire publicitaire.

Aussi, les hommes disposeraient de davantage d’occasions de se sustenter hors du foyer, et donc d’arroser tout ça d’une lampée de gaz carbonique; et il est vrai qu’avec les jobs à mi-temps, l’écart salarial, les congés maternité, tout ça; tout ça… Côté féminin, ça offre moins d’occasions de fréquenter la sandwicherie du coin sur le temps de midi.

Mais finalement, cette surconsommation masculine de sodas n’a rien de surprenant. Etant donné que les hommes boivent plus d’alcool. Qu’ils consomment plus de drogue. Enfournent plus de fast-food. Fument plus de cigarettes. Qu’ils copulent davantage sans protection. Qu’ils roulent plus vite. Et provoquent plus d’accidents. (Toutes ces affirmations sont basées sur des études, juste pour information).

Les hommes disposeraient de davantage d’occasions de se sustenter hors du foyer, et donc d’arroser tout ça d’une lampée de gaz carbonique.

Bref, les mâles aiment les risques, tout biberonnés qu’ils furent (sont?) à la virilité. Bon, grand bien leur fasse, après tout. Ce sont leurs artères, leur cerveau, leurs poumons. Leur taux de mortalité prématurée évitable (avant 65 ans et pour cause d’un comportement à risque) 1,4 fois supérieur.

Sauf que tous ces petits travers engendrent in fine des dépenses publiques, et là, ça commence à concerner tout le monde. Au risque de radoter, cette virilité coûte bonbon, socialement parlant. Seize milliards d’euros au minimum, comme précédemment calculé par Le Vif. En d’autres termes, si les hommes se comportaient tous comme les femmes, cela permettrait aux pouvoirs publics d’économiser au moins seize milliards d’euros. Mais bon, surtout, ne changeons rien aux comportements masculins.

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