Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens: les hommes devraient manger plus que les femmes ? Une parfaite idiotie…

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Ça devait être le manque de sommeil, d’hydratation, le soleil philippin chauffant trop le crâne. Ou juste la connerie. « Si c’est moi qui décidais, j’aurais mis des plus grosses portions aux garçons et des plus petites aux filles, ça, c’est clair et net. Parce qu’on a besoin de plus d’énergie pour carburer. Malheureusement, on est sur le principe d’égalité, pas d’équité », dixit Fouzi, directeur financier à la vie, participant à Koh-Lanta à l’écran – celui de TF1. Donc au bout de vingt-et-un jours d’efforts et de privations semblables, les candidats et les candidates du jeu télévisé n’auraient pas dû manger les mêmes portions de boeuf, parce que bon, y a de gros muscles à entretenir, ici.

Les stéréotypes de genre, c’est comme une haleine d’ail: t’as beau frotter, frotter, ça continue à sérieusement puer.

Une parfaite idiotie sur le plan biologique: le nombre de calories à consommer n’est nullement déterminé par le genre, mais bien par les dépenses physiques. Certes, les recommandations officielles évoquent 2 000 à 2 500 calories par jour pour ces messieurs et 1 800 à 2 000 pour ces dames, mais c’est surtout une question de masse maigre et d’activité physique. Bref, « l’idée que les hommes devraient manger plus que les femmes est complètement erronée », selon Nora Bouazzouni, autrice de l’ouvrage Faiminisme. Quand le sexisme passe à table (éd. Nouriturfu, 2017) et citée dans plusieurs médias.

Mais les stéréotypes de genre, c’est comme une haleine d’ail: t’as beau frotter, frotter, ça continue à sérieusement puer. Donc tout le monde pense comme Fouzi. Ça rappelle cette large tablée dans un resto avec des confrères, quand l’un avait lancé: « Dis donc, t’as bon appétit », parce l’assiette était tout aussi vide que la sienne. Combien de femmes ont-elles laissé traîner quelques morceaux juste pour ne pas sembler goinfres, alors qu’elles auraient eu envie d’enfourner jusqu’à la dernière miette? Plutôt gaspiller que de sembler trop bouffer. Ainsi ont été éduquées les petites filles bien élevées.

Ça commence tôt, cette inculcation de la privation. Dès la tétée, selon l’anthropologue française Françoise Héritier, qui avait constaté lors de recherches au Burkina Faso que les mères donnaient immédiatement le sein à leurs réclamants garçonnets, mais faisaient patienter les fillettes car « il fallait leur apprendre la frustration » et le fait « qu’elles ne seraient jamais satisfaites de toute leur vie ». « Vous créez de la sorte deux variétés d’humains totalement différentes, détaillait la scientifique (aujourd’hui décédée) dans le documentaire Pourquoi les femmes sont-elles plus petites que les hommes?. L’une qui attendra la satisfaction immédiate de tous ses besoins et de toutes ses pulsions et l’autre qui sera destinée à attendre le bon vouloir de quelqu’un d’autre. C’est un dressage extraordinaire, et cela passe par l’alimentaire. »

Le constat n’a rien d’un délire militant. A moins que les Nations unies aient viré féminazies, en affirmant que 60% des personnes sous-alimentées dans le monde sont des femmes. « Les injustices de genre sont à la fois une cause et une conséquence de la faim créant un cercle vicieux dont [elles] sont les premières affectées. » Même inégalité en matière de malbouffe: l’obésité est davantage masculine que féminine, y compris dès le plus jeune âge.

Ce qui est étrange, finalement, c’est que partout dans le monde, qui prépare les repas? Les femmes pourraient profiter de leur position dominante dans la cuisine pour se réserver de plus grosses parts. Ben non. Elles auraient tendance à céder les meilleurs morceaux aux mâles. Trop braves. D’autres, à leur place, n’auraient pas la même bonté. N’est-ce pas, Fouzi?

Léopold fait place à Annie

En 2020, la Région avait proposé aux Bruxellois de renommer le tunnel Léopold II par le nom d’une femme emblématique, afin de féminiser l’espace public. Une étude de l’ULB, en mars 2021, révélait que 4,2% des rues portent un patronyme féminin à Bruxelles, contre 46% de masculins. C’est celui de la chanteuse emblématique de Tata Yoyo, décédée en septembre 2020, qui l’a emporté. De nombreux artistes, amis d’ Annie Cordy, seront présents le 22 mai pour l’inauguration, a annoncé Bruxelles Mobilité.

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Artistes féminines et une non-binaire ont été annoncées au festival de musique Les Ardentes organisé en juillet, à Liège. Combien d’hommes à l’affiche? Septante-deux. Sur les réseaux sociaux, des collectifs féministes ont dénoncé ce déséquilibre, en comparant avec d’autres festivals européens similaires qui comptent généralement entre 16% et 25% d’artistes féminines. Jean-Yves Reumont, chargé de communication du festival liégeois, assure que tous les artistes n’ont pas encore été annoncés, et qu’il devrait y avoir vingt femmes au total. Pour combien d’hommes ajoutés? (S.D. st)

Victoire pour les femmes militaires en Indonésie

L’armée indonésienne a supprimé le test de virginité qui était encore imposé aux nouvelles recrues féminines dans la marine et l’armée de l’air. Les femmes devaient prouver que leur hymen était intact pour espérer être recrutées. L’armée terrestre avait déjà interdit cette pratique il y a un an.

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