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La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Le retour des «vieilles actrices»: quand être MILF est dans l’air du temps

Mélanie Geelkens
Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Les actrices de plus de 50 ans ne sont désormais plus absentes des écrans. Une révolution… et une nouvelle injonction pesant sur les femmes: le «vieillissement réussi».

Et d’un coup, elles sont partout: Renée Zellweger dans le nouveau Bridget Jones, Demi Moore dans The Substance, Nicole Kidman dans Babygirl, Julianne Moore dans The Room Next Door, Angelina Jolie dans Maria, Pamela Anderson dans le prochain The Last Showgirl… A Hollywood, les actrices ne meurent apparemment plus (artistiquement) au-delà de 35 ans.

La revanche des «vieilles». Quel changement! Enfin, déjà en 2013, la chercheuse anglaise Josephine Dolan, spécialiste en étude du vieillissement au sein de l’université de Gloucestershire, observait un certain come-back d’actrices de plus de 50 ans: Meryl Streep, Glenn Close, Helen Mirren… Mais «la plupart du temps, notait-elle, les actrices âgées sont cantonnées à des rôles où leur sexualité est, d’une manière ou d’une autre, réprimée».

Douze ans plus tard, le voilà, le changement: les ceintures de chasteté ont implosé. Ça couche désormais à l’écran! Ces quinquagénaires se retrouvent érotisées, fantasmées et parfois courtisées par des prétendants (beaucoup) plus jeunes qu’elles (Bridget Jones, Babygirl…) Apparemment, les pontes du septième art ont bien pris connaissance du classement des mots clés les plus recherchés sur Pornhub, la principale plateforme mondiale de vidéos X: Milf (mother I’d like to fuck, la traduction ne devrait pas se révéler trop difficile) se hisse à la deuxième position en 2024, une hausse de cinq places par rapport à l’année précédente. Ce qui «déconstruit l’idée selon laquelle les hommes sont attirés par la jeunesse et la fertilité», commente Pornhub dans son rapport annuel.

Une affirmation qui va sans doute un peu vite en besogne, mais reste que «cette nouvelle visibilité des actrices âgées peut et doit être considérée comme une avancée importante, indiquant que certains ajustements ont lieu au sein du patriarcat hollywoodien et que les marques de l’âge inscrites sur le corps des actrices ne sont plus systématiquement synonymes d’invisibilité», estime Josephine Dolan.

Du fillers, des lifting, des injections, mais à juste dose, voilà la condition pour conserver sa visibilité une fois âgée: se conformer aux exigences du «vieillissement réussi»

Les «marques de l’âge inscrites sur le corps des actrices»? Il faut tout de même bien reconnaître qu’il y a moins de plis sur le front de Nicole Kidman que sur les fesses d’un bébé, et que si Pamela Anderson clame désormais se passer de maquillage, elle ne se prive en revanche pas de silicone. «L’effacement des rides ne se limite pas aux visages des stars, prolonge Josephine Dolan. Il s’étend à des corps apparemment indemnes des traces de grossesse ou d’excès, caractérisés par des jambes fuselées, des seins et des fessiers fermes, sublimés par des robes moulantes et révélatrices.»

Bref, plus de quinquas et sexagénaires à l’écran, certes, mais uniquement en cas de parfaite conservation. Du filler, des liftings, des injections, mais à juste dose, voilà la condition pour conserver sa visibilité une fois âgée: se conformer aux exigences du «vieillissement réussi», selon le concept développé par Josephine Dolan. Donc plus ressembler à Demi Moore (sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos s’émerveillent de sa «débotoxisation») qu’à Madonna.

«Les stars constituent un vecteur particulièrement efficace pour ancrer le « vieillissement réussi » comme une norme hégémonique», commente la chercheuse anglaise. Bim, une nouvelle injonction sur le dos des femmes! Car vieillir, donc, c’est désormais (un peu plus) permis. Mais seulement à condition de bien le faire.

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