Mélanie Geelkens
La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Ces vedettes qui portent deux fois la même tenue: pourquoi tant de critiques?
Porter plusieurs fois les mêmes vêtements: cela paraît naturel. Sauf… pour les vedettes, mais pas n’importe lesquelles: juste pour les femmes, qui se font au mieux épingler, au pire critiquer si elles osent cette bravade vestimentaire.
Ça partait d’une verte intention: applaudir le «recyclage» de Carla Bruni, ce «beau geste d’économie circulaire». En même temps, au prix de cette veste signée John Galliano pour Dior, rien d’étonnant à vouloir rentabiliser l’investissement. A combien d’occasions son ex-président d’époux a-t-il arboré son blazer noir et sa cravate assortie? Mais il a suffi que l’ancienne mannequin française porte deux fois le même manteau gris, à seize années (!) d’intervalle (en 2008 lors d’une rencontre avec feue Elizabeth II puis lors de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris, en décembre dernier) pour qu’une certaine presse se fende d’articles sur cette bravade vestimentaire.
Ces mêmes médias pondent régulièrement quelques signes et diaporamas sur «ces stars qui ont déjà porté deux fois la même tenue» (ou, variante: «qui n’ont pas eu « honte » de porter la même tenue». Carrément). Bien évidemment, les vedettes en question sont toutes de genre féminin: les fripes que les hommes ont sur le dos, tout le monde s’en cale.
Le présentateur télé australien Karl Stefanovic en avait fait le constat, en 2014. Lassé que sa collègue Lisa Wilkinson reçoive régulièrement attaques et critiques concernant ses tenues, il avait décidé de revêtir quotidiennement le même costume bleu marine. Jusqu’à ce que quelqu’un le lui fasse remarquer. Ce jour-là n’arriva jamais: l’animateur finit par révéler lui-même sa petite expérience… au bout d’un an. «Je suis jugé sur les interviews, mon épouvantable sens de l’humour –sur la manière dont je fais mon boulot, en somme. Alors que les femmes sont très souvent jugées sur ce qu’elles portent ou sur leur coiffure», constatait-il dans le Sydney Morning Herald.
Aux Etats-Unis, selon les confidences de l’assistante de l’ancienne Première dame Laura Bush, les tenues des épouses présidentielles sont estampillées d’une étiquette indiquant où et quand telle robe ou tel ensemble fut étrenné, histoire d’éviter les répétitions. Et quand Jill Biden afficha quelques outfits similaires à Meghan Markle, elle fut abondamment traitée de «copieuse». WTF?
Elles le savent, le sentent: elles seront d’abord jugées sur leur physique, avant que quelqu’un ne s’intéresse éventuellement à leurs compétences.
Pour qu’on leur lâche la grappe, certaines personnalités –Emma Watson, Kate Middleton…– sont obligées d’en faire un acte conscient, revendicatif et écologique. Tout ça pour ne pas s’attirer une gerbe de critiques pour avoir osé porter plusieurs fois les mêmes fripes. Ce que le commun des mortels fait tout de même abondamment (et heureusement). Mais voilà, les fringues sont aussi un signe de richesse, de supériorité sociale, et dans ce monde où les femmes en ont moins, sans doute sont-elles obligées de les afficher davantage. Puis elles le savent, le sentent: elles seront d’abord jugées sur leur physique, avant que quelqu’un ne s’intéresse éventuellement à leurs compétences. Des corps, toujours, avant d’être des cerveaux. L’intelligence, le talent, les capacités féminines ne suffisent jamais à eux seuls, ils doivent forcément être enrobés d’une couche d’apparences.
«J’ai eu peur tout le long du quinquennat. Peur de faire une bêtise, quelque chose qui aurait fait honte à la France entière», confiait en 2022 Carla Sarkozy, au micro de RTL. Si la France entière a réellement un problème avec des manteaux Dior portés plusieurs fois, peut-être devrait-elle avoir, elle, honte et peur de sa bêtise?
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