
La chronique de Guillaume Gautier | Vandenhaute est obsédé par un trophée, et Anderlecht le vit mal
Anderlecht a été facilement écarté par l’Union dans le derby bruxellois. Wouter Vandenhaute s’est retrouvé au centre de la cible des supporters. Une question de gestion, d’émotions, et de gestion des émotions.
Il y a des soirs comme ça où l’écart au tableau d’affichage ne reflète pas celui que révèle le terrain. Ce n’était pourtant pas un grand soir pour l’Union Saint-Gilloise. Ce fut néanmoins suffisant pour que les hommes de Sébastien Pocognoli écartent sans peine un Anderlecht inoffensif. Des Mauves uniquement rendus dangereux par les dribbles du toujours irrégulier Nilson Angulo, placé dans un rôle époumonant sur le couloir gauche par Besnik Hasi. Le nouveau coach, lui, vit sa troisième défaite en autant de matchs passés à s’énerver ostensiblement sur le banc du Sporting bruxellois.
Rien ne va et comme souvent dans ces cas-là, le public gronde. Puisque la saison a déjà consommé trois entraîneurs et deux directeurs sportifs, c’est vers l’inamovible décisionnaire que se tourne la colère. «Wouter buiten», entend-on depuis le bloc visiteur, massé derrière le gardien Colin Coosemans en deuxième période, juste après le deuxième but signé Anouar Ait El Hadj. Un ancien de la maison mauve, comme s’il fallait retourner un peu plus le couteau dans la plaie.
Wouter Vandenhaute, donc, est au centre de la cible. Difficile, pourtant, de lui reprocher un manque d’amour pour ses couleurs. Le problème est ailleurs. C’est celui d’un président pourtant qualifié de «non exécutif» depuis le fiasco du remplacement de Vincent Kompany par Felice Mazzù au printemps 2022 qui l’avait obligé à faire officiellement un pas de côté, mais qui continue de s’immiscer occasionnellement dans les affaires sportives. Problématique, d’autant plus quand la plupart des choix effectués finissent par se retourner contre lui.
Le président aime le mauve, mais l’étreint peut-être mal à force de trop l’embrasser. Parce que même pour un dirigeant qu’on salue pour son génie dans le monde des affaires, et qui connaît particulièrement bien les affaires sportives, il est difficile de réussir dans le secteur du football, où la bonne gestion des émotions est un atout indispensable pour éviter les grossières erreurs.
Obsédé par la volonté de ramener à Anderlecht un trophée qui lui échappe depuis 2017, Wouter Vandenhaute semble prêt à tout pour mener cette mission à terme. Même à remettre en cause Vincent Kompany, divinité locale, dans la foulée d’une finale de Coupe perdue. Ou à sortir de son chapeau un Besnik Hasi tout juste viré de Malines pour raviver la flamme avant le sprint final, comme il l’avait fait onze ans plus tôt sur le banc des Mauves en ramenant le titre après des play-offs exceptionnels. Ou encore à offrir de beaux et grands contrats à des joueurs comme Jan Vertonghen, Thorgan Hazard ou Mats Rits, dans une logique d’efficacité à court terme plutôt que de construction d’un noyau sur la durée.
Gagner vite plutôt que grandir calmement. L’idée a presque porté ses fruits l’an dernier, quand Anderlecht a reçu Bruges avec une balle de match pour le titre à 180 minutes de la fin de la saison. Ce jour-là, les doyens du vestiaire étaient à l’infirmerie et la supériorité d’un Club de Bruges pourtant au petit trot n’avait souffert d’aucune discussion. Un an plus tard, le gouffre s’est creusé. Le RSCA version 2025 n’a jamais ressemblé à un candidat au titre, et l’été sera celui de la reconstruction d’un noyau déséquilibré. Wouter Vandenhaute voudra-t-il s’en mêler?
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