Guillaume Gautier

La chronique de Guillaume Gautier | Ronaldo critique le Ballon d’or aux Globe Soccer Awards: discours malhonnête ou téléguidé?

Guillaume Gautier Journaliste

Cristiano Ronaldo s’est payé le trophée le plus réputé du foot mondial pour en mettre en avant un autre, où l’influence de son agent est un secret bien mal gardé.

Le micro est encore pour Cristiano Ronaldo. L’occasion pour le meilleur buteur de l’histoire du jeu d’envoyer quelques frappes hors de portée de leurs destinataires. Sur la scène des Globe Soccer Awards, le joueur d’Al-Nassr, grassement payé pour devenir l’ambassadeur footballistique de l’Arabie saoudite en plus d’empiler les buts dans un championnat joué au ralenti, affirme sans broncher que sa ligue saoudienne est meilleure que l’élite du football français.

Il flingue aussi le Ballon d’or –que beaucoup de ses fans jugent à la solde de Messi, son rival de toujours– en affirmant que son vainqueur, l’Espagnol Rodri, le méritait, mais que le Brésilien Vinicius Junior le méritait encore plus. Et «quand quelqu’un le mérite, vous devez lui donner. C’est pour ça que j’aime les Globe Soccer Awards, ils doivent continuer à faire ce gala qui est honnête». L’honnêteté version Cristiano Ronaldo, c’est sans doute de faire de lui le joueur du siècle (élu en 2020), ou de le récompenser «Joueur de l’année» lors de la première édition du trophée en 2011, année où le FC Barcelone de Messi survole tous ses concurrents. D’encore le gratifier en 2024 grâce au titre de «Meilleur joueur du Moyen-Orient», opportunément créé l’année précédente dans la foulée de son transfert à Al-Nassr et désormais ajouté à deux reprises à son palmarès de distinctions individuelles. Ou d’en faire le lauréat du «Maradona Award» en 2023, récompense alors remise au meilleur buteur de l’année civile écoulée. Au palmarès de ce trophée lui succède Jude Bellingham, la star du Real Madrid. En tant que meilleur buteur de l’année 2024? Non. Parce qu’en un an, l’hommage à la légende argentine a changé de catégorie, pour désormais être attribué au meilleur des jeunes talents.

Avec les catégories qui changent chaque année, difficile de crédibiliser une cérémonie qui attire pourtant au Moyen Orient les plus grands noms du jeu, entre prix annuels et hommages rendus à la carrière des acteurs du rectangle vert, à l’image d’un Thibaut Courtois récompensé pour son parcours déjà XXL lors d’un événement où le Real Madrid s’est taillé la part du lion. Tout profit pour un agent proche de la «Maison Blanche», le portugais Jorge Mendes. Représentant historique de Cristiano Ronaldo, le Lusitanien a par ailleurs reçu pour la douzième fois (en quatorze éditions) le trophée de «Meilleur agent de l’année».

Il faut dire que l’impact majeur de Mendes sur les Globe Soccer Awards est un secret de Polichinelle. L’organisation du trophée est en majorité possédée par Riccardo Silva, un homme d’affaires qui détient également une part considérable de Gestifute, l’agence de management créée par Jorge Mendes. Même avant ce rachat, de nombreux protégés du super-agent portugais ont été récompensés, parfois étrangement, lors des cérémonies des Globe Soccer Awards, à l’image d’un Marc Wilmots élu meilleur coach du monde en 2015 sans avoir été parmi les dix nommés au trophée d’Entraîneur de l’année pour le Ballon d’or cette année-là. Quelques mois plus tôt, Jorge Mendes était devenu l’agent du sélectionneur des Diables. Sans doute une heureuse coïncidence. Tout comme celle qui veut que dans sa critique de la Ligue 1, Cristiano Ronaldo a épargné le PSG, nouveau partenaire de choix de Gestifute qui détient six joueurs du noyau parisien.

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