Nicolas De Decker
La certaine idée de Nicolas De Decker: « Avez-vous remarqué ce gros truc vert sous le menton des Ecolos? C’est un goitre » (chronique)
Il y a une série américaine des années 1990, Seinfeld, qui est la plus comique du monde, et un épisode dans la quatrième saison de cette série, «Les Vieux», qui nous a fait penser à quelque chose. Dans cet épisode, un des personnages, Elaine, s’en veut un peu.
Elle en a assez de ne penser qu’à ses petits problèmes de jeune femme bien née. Elle veut faire le bien, alors elle s’engage comme bénévole pour passer du temps avec une vieille dame isolée, ce dont Elaine se félicite d’un air supérieur.
Mais il se fait que la vieille dame, constate-t-elle lors de sa première minute, est affligée d’un goitre.
Il est gigantesque, «ce ballon de football qui me sort du cou», lui dira la dame, si gros qu’Elaine ne peut s’empêcher de le fixer, qu’elle n’ écoute rien de ce que la vieille femme lui dit, et que son généreux bénévolat ne durera que le temps d’un bref épisode très drôle.
On sait que la politique aujourd’hui consiste peu en bénévolat, on sait beaucoup moins qu’elle joue beaucoup plus du goitre qu’ auparavant.
Pas parce que la prime à l’image, dans nos sociétés évoluées, impose de plus en plus des politiques au physique bien comme il faut, mais parce que le meilleur politique, aujourd’hui, est celui qui parviendra à affliger le goitre le plus silenciant à son adversaire le plus énervant.
Le perdant, alors, est celui qui arrivera le moins à convaincre l’électeur de surpasser la répulsion inspirée par son goitre pour l’écouter un peu.
Dans cette bataille du goitre, ceux qui affichent les prédispositions génétiques les plus lourdement indicatives sont verts, et ce sont les écologistes qu’on croirait sortis de cet épisode de Seinfeld.
Pas seulement parce qu’ils partagent avec Elaine cet air supérieur de ceux qui n’aiment rien tant que faire savoir qu’ils font le bien, eux. Mais parce que ce sont toujours eux qu’on n’écoute plus parce qu’ils portent un truc tellement gros qu’on ne remarque plus que ça, tout le temps d’un épisode de gouvernement très drôle.
Ils avaient eu le goitre Francorchamps il y a vingt ans, ils ont eu le goitre photovoltaïque il y a dix ans, et, aujourd’hui, on dirait que les goitres verts sont partout.
A peine se rengorgent-ils d’avoir installé le gouvernement fédéral le plus vert de l’histoire du pays, histoire de lutter contre le réchauffement climatique, que se met à gonfler sous leur menton une balle de football remplie de gaz à effet de serre, ceux des centrales qu’on les accuse de vouloir construire par incompétence, voire par vénalité, et que tous les débats sur le climat ne tournent-ils plus qu’autour de deux usines à gaz.
Qu’ils se flattent de lutter mieux que les autres contre la maltraitance animale, et leur cou se lestera d’un énorme vitoulet de viande abattue sans étourdissement, celle qu’on les accuse de promouvoir par intérêt électoral, si bien qu’il ne semble plus exister d’autre obstacle au bien-être animal que l’abattage religieux.
Qu’ils proposent de redistribuer un peu de la richesse, et on ne parlera plus que des énormes erreurs factuelles sises sous le menton de la coprésidente venue les défendre à la radio, qui confond revenu et patrimoine, et qui ajoute 120 milliards d’euros au produit intérieur brut.
Et c’est ainsi, goitre vert par goitre vert, que les écolos, qui n’en portaient jadis qu’un par décennie, en tiendront à ce rythme une dizaine d’ici la fin de cet épisode.
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