Anne-Sophie Bailly
Emettre un bon d’Etat wallon? Et pourquoi pas
Emettre un bon d’Etat wallon: l’idée circule portée par le succès de l’émission du bon d’Etat fédéral l’été dernier. Pourquoi ne pas s’y pencher de plus près?
L’idée n’est pas neuve, mais elle avait été recalée sans autre forme de procès par le ministre wallon du Budget. C’est aujourd’hui un attelage relativement improbable composé de l’économiste Bruno Colmant et de Jean-François Tamellini, secrétaire général de la FGTB wallonne, qui la relance: émettre un «bon d’Etat» wallon.
C’est évidemment à l’engouement estival autour du bon d’Etat fédéral qu’on doit la genèse de cette suggestion, qui, malgré son rejet par Adrien Dolimont (MR), le ministre wallon du Budget et des Finances, n’est pas dépourvue d’intérêt. En effet, étant donné l’état des finances de la Wallonie, diversifier ses sources de financement est une piste qui se doit d’être explorée. D’autant qu’en cas de succès d’une mesure destinée à mobiliser de l’épargne, l’impact sur le rating de la Wallonie attribué par les agences de notation pourrait s’en trouver amélioré. Avec un potentiel cercle vertueux en ligne de mire: confiance renforcée des marchés, accès facilité aux sources de financement, conditions d’emprunt plus avantageuses, voire réduction du différentiel du taux d’emprunt avec l’Etat fédéral.
La confiance, un prérequis indispensable à toute mobilisation de l’épargne.
Cela étant, des questions relativement nombreuses sur le projet et sa faisabilité demeurent. Quelle coalition, d’abord? Et puis, quelle maturité, quel taux, quel précompte, quelle ampleur? On a vu que le bon d’Etat émis par l’Agence de la dette fédérale devait notamment son succès à une maturité courte et une fiscalité avantageuse. Or, la fiscalité de l’épargne reste une compétence fédérale ; la Région ne dispose pas des mêmes leviers.
Pour les défenseurs de la proposition, c’est essentiellement la destination des fonds récoltés et la lisibilité du dessein politique qui l’accompagnerait qui seraient les gages de sa réussite. Des investissements dans la transition climatique, des initiatives de rénovation du bâti, la poursuite de chantiers initiés par le plan de relance… Les idées ne manquent pas.
On ajoutera que c’est aussi le capital confiance qui devra être renforcé. Et la récente passe d’armes politique autour du précompte de l’actuelle émission du bon d’Etat n’était certainement pas de nature à donner confiance à l’investisseur. Quant à l’épargnant wallon, il faudrait parvenir à le convaincre que cette proposition ne serait pas une nouvelle version de feu la Caisse wallonne d’investissement, ce grand emprunt populaire dont les fonds devaient soutenir l’activité des PME mais qui a aligné les coûteux déboires jusqu’à sa dissolution.
La confiance est le prérequis indispensable à toute tentative de mobilisation de l’épargne, peut-être plus encore que l’avantage fiscal. Mais pas le plus facile à obtenir.
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