Anne-Sophie Bailly

Elon Musk rebaptise Twitter ou l’histoire d’une (re)naissance sous X

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Elon Musk a donc rebaptisé le réseau de micro-blogging d’un simple X. Désormais les intentions du multi-entrepreneur sont claires.

C’en est fini de gazouiller en 280 caractères. Le X, si cher à Elon Musk, a remplacé Twitter et son oiseau bleu. Un changement de nom qui marque un nouveau tournant dans la vie mouvementée du site de microblogging depuis son rachat, en octobre 2022, par Elon Musk. En moins d’un an, les annonces étonnantes et tapageuses à propos du réseau social se sont succédé: du licenciement brutal de près de la moitié du personnel à la monétisation de la certification des comptes, en passant par une modération ultralight ou la limitation du nombre de tweets consultables. Des réorientations aussi nombreuses qu’opaques de la stratégie suivie par le milliardaire. Avec pour conséquences la fonte des revenus publicitaires de 50%, une dette qui ne cesse de se creuser, des investisseurs de s’inquiéter et le débat de se polariser.

Le passage sous X symbolise les ambitions qu’Elon Musk a toujours nourries pour Twitter.

Face à ce bilan désastreux, l’abandon d’une marque forte comme Twitter au profit d’un simple X apparaît, de prime abord, comme une nouvelle décision erratique du milliardaire. Pas si sûr.

Linda Yaccarino, la nouvelle directrice générale du groupe, a annoncé la couleur. X ne serait rien de moins qu’un «futur mode d’interactivité illimitée, centré sur l’audio, la vidéo, la messagerie, les paiements et les services bancaires, créant un véritable espace international d’échange d’idées, de biens, de services et d’opportunités». Le tout alimenté par une intelligence artificielle et qui «nous connectera tous d’une manière que nous commençons tout juste à explorer».

Le passage sous X symbolise donc bel et bien les ambitions qu’Elon Musk a toujours nourries pour le site de microblogging: en faire une super app, sur le modèle du chinois WeChat, permettant de communiquer avec ses amis, stocker des photos, commander des plats ou effectuer des paiements. Car si les décisions du serial entrepreneur semblent avoir fait jusqu’ici davantage de mal que de bien à l’entreprise, le réseau compte toujours un nombre massif d’utilisateurs, malgré les #adiosTwitter ou les #byebyeElon qui fleurissent à chaque annonce. Après le rachat du réseau par Elon Musk et à la suite des craintes suscitées par sa politique de modération, des gazouilleurs étaient allés voir sur Mastodon si l’herbe y était plus verte. Ils y avaient trouvé une interface décentralisée, quelques soucis techniques, mais pas leurs amis. Il y a quelques semaines, la twittosphère avait cherché un nouveau refuge auprès de Threads, de Meta. Là non plus, personne ne retrouve une communauté, qui met tant de temps à être bâtie.

Si on en doutait encore, les choses semblent désormais claires. Ce n’est pas le débat d’idées, ni la liberté d’expression, ni les fonctionnalités d’un réseau social ou son potentiel publicitaire qui ont motivé le rachat de Twitter. Plutôt la rentabilité future d’une communauté. Dépouiller Twitter jusqu’à l’os, conserver ses utilisateurs, leur vendre des services multiples, c’est bien là le projet que sous-tend cette renaissance sous X.

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