Anne-Sophie Bailly
Réforme de la facture énergétique: l’illusion qu’il ne faut plus entretenir
La réforme de la facture énergétique était nécessaire, mais elle laisse planer une illusion. C’est dommage et dommageable.
L’ équilibre était pour le moins difficile à trouver entre soutien aux ménages, lutte contre le réchauffement climatique et sauvegarde des finances publiques. Pourtant, la réforme de la facture énergétique que le gouvernement d’Alexander De Croo est parvenu à boucler semble cocher toutes les cases.
En effet, en pérennisant la TVA à 6% sur le gaz et l’électricité et en couplant cette réduction à une réforme des accises, l’accord conclu gomme l’une des principales critiques que la baisse généralisée de la TVA avait suscitées, à savoir qu’elle bénéficiait aux gros consommateurs et n’incitait pas à l’économie d’énergie. Désormais, les accises les plus basses seront appliquées sur un forfait de consommation de base. Un premier acquis, donc (même si ce forfait de base est identique pour tous, qu’il s’agisse d’une personne isolée ou d’une famille nombreuse).
L’ autre principale critique des mesures d’urgence prises par la Vivaldi avait trait aux conséquences du «quoi qu’il en coûte» sur les finances publiques. L’ octroi des chèques énergie, l’extension du tarif social et la réduction de la TVA avaient lourdement plombé le déficit public et alarmé les instances européennes. L’introduction d’un système d’accises et la fin du tarif social élargi rendent la réforme budgétairement positive. Un deuxième acquis, donc (même si l’impact budgétaire sera fonction du niveau des prix du gaz et de l’électricité sur les marchés internationaux, des prix des carburants à la pompe et que la réduction du périmètre des ayants droit au tarif social aurait dû s’accompagner d’une réforme des conditions d’accès au statut).
La réforme de la facture énergétique laisse planer l’illusion que l’énergie issue de combustibles fossiles peut encore être relativement bon marché et facilement disponible.
Plus globalement, cette réforme a le mérite de rendre pérenne une situation jusqu’ici transitoire et d’introduire un système plus modulaire et flexible. Un troisième acquis, donc (même si les indépendants qui n’ont qu’un compteur unique sont oubliés et les entreprises exclues du système).
Mais cette victoire politique, cette réforme nécessaire, cette stabilisation budgétaire laissent surtout planer une illusion, celle que l’énergie polluante, issue de combustibles fossiles, peut encore être relativement bon marché et facilement disponible.
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