Décembre est classiquement le mois des rétrospectives. «Voici ce que vous avez le plus écouté», résume Spotify, «Composez votre récap 2022», propose Instagram, «Les mots les plus recherchés lors de l’année écoulée», compile Google, «Qui est la personnalité de l’année?», se demande la presse. Des bilans politiques, économiques, sociaux, culturels, médiatiques qui s’accompagnent parfois de tentatives d’établir des perspectives pour l’après-réveillon. Qu’attendre de 2023? Ceux qui se sont essayés à l’exercice précédemment ne peuvent que constater le grand écart entre leur esquisse et la réalité douze mois plus tard. 2022 ne fait pas exception.
La décision de Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine le 24 février a balayé tous les scénarios et de nombreuses certitudes.
Militairement, l’offensive que l’on attendait express s’est heurtée à l’intensité de la résistance de l’armée et du peuple ukrainiens, autant qu’à l’impréparation des forces russes. Economiquement, l’explosion des prix de l’énergie et la crise du pouvoir d’achat qui s’en est suivie ont mis à plat le scénario du retour d’une croissance forte et les termes «inflation importée», «récession» et «stagflation» ont émaillé les discours des prévisionnistes. Les ménages que l’on attendait enclins à consommer ont modifié leur comportement en plaçant sobriété énergétique et mesures d’économie en tête de leurs priorités. Quant aux Etats qui ont remis en place des mécanismes de soutiens financiers, ils n’ont pu limiter leur déficit comme espéré.
Ceux qui se sont essayés à l’exercice ne peuvent que constater le grand écart entre leur esquisse et la réalité douze mois plus tard.
A moyen terme, c’est la refonte du mix énergétique qui est désormais questionnée. Le retour du nucléaire n’est plus exclu d’emblée. Des centrales au charbon ont été rouvertes. Des terminaux GNL sont en construction. L’hydrogène vert trouve des financements. Selon Amory Lovins, cofondateur et président du Rocky Mountain Institute, 2022 restera l’année de l’ accélération de la transition énergétique, celle qui précipitera la fin des énergies fossiles.
A plus long terme, on ne peut aujourd’hui qu’entrevoir les conséquences de la guerre en Ukraine tant elle irradie le système mondial dans son ensemble, comme l’explique Bertrand Badie, professeur émérite à l’Institut d’études politiques de Paris.
L’exercice de la prévision s’avère particulièrement complexe. Il l’a toujours été. Peut-être encore davantage aujourd’hui. Seule certitude, nous devrons apprendre à vivre avec ces incertitudes. Ce sera encore le cas en 2023. Et ce sera la seule prévision à laquelle nous nous risquerons ici.
Au nom de toute la rédaction du Vif, je vous souhaite une incertaine mais excellente année 2023. Merci de nous lire.
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