Anne-Sophie Bailly
Néerlandais obligatoire en 2027: l’impératif kennis van het Nederlands gewenst
Georges-Louis Bouchez veut rendre obligatoire l’apprentissage du néerlandais en 2027. Comment surmonter les défis de faisabilité et de finalité, pour tendre vers l’impératif kennis van het Nederlands gewenst.
«Le néerlandais sera obligatoire en 2027 en Fédération Wallonie-Bruxelles.» Les propos de Georges-Louis Bouchez relatifs à l’obligation de l’apprentissage de la langue de Vondel dans l’enseignement francophone ont le mérite de clarifier une position politique qui ne l’était pas parfaitement et de vouloir harmoniser les régimes des élèves bruxellois –pour lesquels le néerlandais est obligatoire dès l’école primaire– et wallons – qui peuvent, eux, choisir entre le néerlandais, l’allemand et l’anglais. Cela étant, comment dépasser le stade de la déclaration d’intention? Même la ministre libérale de l’Enseignement, Valérie Glatigny, s’interroge sur la faisabilité d’une telle ambition, puisque au problème déjà pendant de pénurie de professeurs de langues s’ajoute l’allongement de la formation des enseignants qui fera que peu sortiront diplômés en 2027. Concertation avec les acteurs de terrain, valorisation de l’expérience pour les candidats à la fonction, élargissement des pools enseignants…, quelques pistes concrètes sont esquissées pour tenter de remplir le cadre. Mais relever le pari s’annonce ambitieux.
Autre question au moins aussi épineuse: quel est l’objectif poursuivi par cette obligation? Le «Tous bilingues en 2021» de la ministre socialiste Laurette Onkelinx avait fait davantage de mal que de bien à la perception que charrie l’enseignement des langues modernes en Fédération Wallonie-Bruxelles. En effet, viser un niveau de bilinguisme –qui résulte d’une exposition permanente à deux langues– au travers d’un apprentissage dans un programme scolaire généraliste avait fait reposer sur l’école un objectif démesuré. Alors, si le but n’est plus l’inatteignable «tous bilingues» mais l’amélioration de l’employabilité des futurs travailleurs wallons, quel serait le niveau d’exigence minimal à obtenir en fin de cursus? Ou bien veut-on que l’élève soit en mesure de poursuivre des études supérieures avec un bagage linguistique suffisant? Espère-t-on plutôt qu’il puisse être autonome dans une situation de la vie quotidienne? Ou encore l’objectif est-il de lui offrir une connaissance suffisante pour répondre à une annonce d’offre d’emploi exigeant un savoir de base du néerlandais?
Imposer l’apprentissage d’une langue ne suffit pas à la maîtriser. Mais c’est un jalon de posé.
Ces questions tranchées, il faudra rouvrir le débat sur la place accordée à l’apprentissage et à l’évaluation, réfléchir à la manière dont le parcours pédagogique devra être adapté en fonction des objectifs souhaités. Va-t-on privilégier l’expression orale pour franchir l’anxiété langagière ou un apprentissage classique avec grammaire, conjugaison, syntaxe? Quid de l’enseignement maternel, comment l’inclure dans le processus? Quel sort réserver à l’enseignement en immersion –notamment en anglais– choisi par un certain nombre d’établissements scolaires?
A côté des challenges de faisabilité et de finalité, restera encore à surmonter celui –et non des moindres– de la motivation, car le désamour du néerlandais constitue un frein majeur dans son appréhension qui dépasse, lui, largement le cadre scolaire.
Imposer l’apprentissage d’une langue ne suffira donc pas à la maîtriser. Mais c’est néanmoins un jalon posé vers l’impératif kennis van het Nederlands gewenst.
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