Gérald Papy

Liberté, égalité, fraternité? Les valeurs de la France, enjeu des législatives

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Plus de dix millions et demi de Français ont porté leur choix au premier tour des élections législatives le 30 juin pour un candidat du Rassemblement national ou de ses alliés sur quelque 32 millions de votes exprimés. Ce résultat est plus de deux fois supérieur à celui enregistré en faveur du parti d’extrême droite lors du précédent scrutin parlementaire de juin 2022. C’est dire combien le Rassemblement national s’est implanté presque partout en France.

La réalité est là. L’extrême droite a capitalisé sur sa «dédiabolisation», l’image policée par les réseaux sociaux de Jordan Bardella, le déclassement réel ou supposé d’une partie de la population, le discrédit des partis de gouvernement, l’instabilité du monde… pour grossir les rangs de ses partisans. Elle a aussi été aidée par le coup de boost d’Emmanuel Macron qui, en décidant la dissolution de l’Assemblée nationale, a amplifié son audience alors qu’il pensait, par l’effet de surprise, la contenir. Ce lamentable épisode entachera de manière indélébile ses présidences.

L’hypothèse que l’extrême droite obtienne, le soir du deuxième tour le 7 juillet, une majorité absolue à l’Assemblée nationale n’a jamais été aussi plausible dans l’histoire de France. La défense de la démocratie impose de respecter cette issue si elle advient. Jordan Bardella deviendrait sans doute Premier ministre. Et le deuxième pays le plus puissant de l’Union européenne entamerait une cohabitation qui serait plus troublée que celles qu’il a déjà connues.

«Le RN mérite l’appellation d’extrême, c’est-à-dire hostile au système tel qu’il fonctionne.»

La défense de la démocratie impose aussi de mettre en garde contre ceux qui risquent de l’affaiblir. Le 11 mars, le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative de France, a confirmé que le ministère de l’Intérieur était fondé à classer comme parti d’extrême droite le Rassemblement national, qui demandait à être délivré de cette catégorisation (il réclamait aussi que le PC et La France insoumise soient qualifiés d’extrême gauche et a été débouté). «Certaines dispositions qu’il portait en son cœur étaient anticonstitutionnelles. A ce titre, le RN méritait l’appellation d’extrême, c’est-à-dire hostile au système tel qu’il fonctionne actuellement», analyse, sur la base de cette décision, le politiste Vincent Martigny, dans une interview au Vif.

Avant le deuxième tour des élections législatives, il est donc utile, au nom de la défense de la démocratie, d’œuvrer pour que le Rassemblement national n’exerce pas le pouvoir exécutif. Beaucoup de dirigeants politiques, à gauche et au centre, en ont pris conscience et ont décidé de prôner ou d’opérer des désistements pour éviter l’élection d’un candidat d’extrême droite. D’autres s’y sont refusés ou ont louvoyé, au nom d’une opposition aux deux «blocs extrêmes». Comme si les odieuses dérives antisémites de certains dirigeants de La France insoumise et la substitution de la haine du Juif par la haine du musulman dans le parti de Jordan Bardella rendaient le Rassemblement national plus fréquentable… Il est temps d’ouvrir les yeux.

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