Anne-Sophie Bailly

Les trois paris de Georges-Louis Bouchez

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Gagner les élections, former rapidement des gouvernements, mettre en place des réformes. Georges-Louis Bouchez a déjà réussi deux de ses trois paris.

Les résultats du triple scrutin, la joie des gagnants et les larmes des perdants, les démissions et les premiers accords ont balayé quelques assertions populaires ou populistes selon lesquelles le vote serait inutile puisque «tout est écrit d’avance» et que «ce sont toujours les mêmes qui sont au pouvoir». Les urnes ont parlé, reflétant la volonté de changement d’une large partie des Belges et plus spécifiquement des électeurs wallons et bruxellois.

Ces résultats pourraient également être de nature à faire mentir une autre idée reçue et communément répandue qui voudrait que la Belgique soit ingouvernable. Qu’il serait impossible de faire cohabiter sur un même territoire des Régions aux attentes et aux sociologies si différentes. Or, d’un côté comme de l’autre de la frontière linguistique, l’électorat a viré à droite, rendant de facto plus aisée la constitution d’accords de majorité. Moins de 48 heures après le scrutin, des coalitions se dessinent. Comme en Région wallonne et à la Fédération Wallonie-Bruxelles, où le MR et Les Engagés ont annoncé leur intention de convoler.

Les termes «acteurs de terrain», «société civile» alimentent désormais autant son narratif que «réforme» et «changement».

Aller vite, faire preuve d’efficacité. C’était d’ailleurs le mantra de Georges-Louis Bouchez, qui après la victoire électorale de son parti dimanche, est en passe de réussir avec cet accord son deuxième pari. Celui de mettre sur pied sans tarder un gouvernement régional.

Avancer rapidement, réformer. C’est aussi une feuille de route que le président du MR partage avec son alter ego de la N-VA. En campagne électorale, comme dans chacune des interventions publiques qui ont suivi le scrutin, mettre en œuvre le changement et acter le renouveau constituent les bases d’un langage commun entre les deux hommes. Une vision partagée sur le besoin de réformes et une convergence de vues sur le socioéconomique, la sécurité, la mobilité, la migration pourraient permettre de constituer rapidement les bases d’un accord de gouvernement. Pour autant que deux écueils majeurs puissent être surmontés. Un, le fonctionnement du pays et de ses institutions où les discussions s’annonceront autrement plus musclées, entre l’attachement de Georges-Louis Bouchez à une Belgique unitaire et le confédéralisme prôné par Bart De Wever, entre les réticences des Engagés à voir le bourgmestre d’Anvers occuper le 16 rue de la Loi et l’ambition du leader de la N-VA de diriger le gouvernement. Deux, le cas particulier de Bruxelles où les socialistes, qui ont «a priori» fait le choix de l’opposition, semblent difficilement incontournables.

Concrétiser et trouver un modus vivendi. Ce n’est aujourd’hui plus une intention mais une obligation pour ces futurs partenaires envers lesquels tout atermoiement pourrait être perçu comme un premier coup de canif dans le contrat passé avec les citoyens. Comme un lointain écho des griefs adressés à la Vivaldi.

Enfin, il faudra mettre en place les réformes annoncées, en gardant l’adhésion des électeurs. Transformer l’essai à l’aune de l’exercice du pouvoir. Georges-Louis Bouchez semble conscient de l’importance de cet enjeu. Les termes «union sacrée», «consultations», «acteurs de terrain», «société civile» alimentent désormais autant son narratif que «réforme», «renouveau» et «changement». Ce sera son troisième pari à remporter.

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