Anne-Sophie Bailly
Les déboires des cars Van Hool, révélateurs des dégâts des croyances limitantes
Le constructeur de cars Van Hool est proche de la faillite. Ses déboires sont notamment dû à la difficulté des entreprises familiales à passer le témoin à la génération suivante. Surtout lorsque celle-ci est bridée par des croyances limitantes.
Le bilan transitoire est lourd. Le final pourrait l’être davantage encore. Si Van Hool ne trouve pas de financement et/ou de repreneur d’ici à la fin du mois, ce sera la faillite. A côté de l’impact de ce séisme social sur des centaines ou des milliers de travailleurs comme sur le déroulement de la campagne électorale en Flandre, les déboires de l’emblématique constructeur de cars flamand font l’effet d’un révélateur.
L’instantané fait tout d’abord apparaître le cocktail pandémie-crise énergétique-indexation automatique des salaires qui met durement à l’épreuve l’équilibre des comptes de résultat des entreprises déjà fragilisées. Il laisse également voir la difficulté qu’éprouvent les sociétés européennes à se hisser en pole position dans certains secteurs innovants. La commande de De Lijn remportée par le constructeur chinois BYD sur laquelle Van Hool ne pouvait ni ne voulait s’aligner en est une illustration. Mais le constat vaut tout autant pour le secteur des voitures électriques où le Top 3 est trusté par des constructeurs chinois comme pour celui de l’intelligence artificielle, dont les principaux protagonistes européens sont aux abonnés absents.
Mais en toile de fond de la situation critique de l’entreprise anversoise, c’est le défi du passage de témoin entre générations des sociétés familiales qui apparaît. En la matière, Van Hool est un presque un cliché, au premier rang duquel apparaît un capital dispersé, des actionnaires multiples aux motivations diverses et à la vision non partagée. C’est aussi le portrait d’une descendance cadenassée par des croyances limitantes, dont celle des bienfaits de l’immuabilité d’une stratégie. Sans réaliser que ce qui faisait hier la fierté d’un fleuron est devenu aujourd’hui son talon d’Achille. Que le conservatisme et le manque d’audace conduisent à rater des virages. Que des choix s’imposent quitte à rompre avec une tradition ou avec un engagement moral envers une communauté. Que certains termes comme licenciement, restructuration, adaptation, repositionnement, innovation ne peuvent rester indéfiniment tabous. Que l’inertie empêche d’avancer.
«Allons de l’avant», enjoint le slogan de l’autocariste. C’est sans doute trop tard pour Van Hool. Peut-être pas pour d’autres acteurs belges. C’est, en tout cas, un sérieux signal d’avertissement.
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