Anne-Sophie Bailly
« Les Belges sont les plus riches du monde »: voici pourquoi cette affirmation mérite quelques nuances
Le Global Wealth Report réalisé par UBS et Credit Suisse l’affirme: “Les Belges sont les plus riches du monde.” Le poids des emprunts hypothécaires et l’endettement de l’Etat, on en parle?
Les Belges sont les plus riches du monde.» Cette conclusion du dernier Global Wealth Report réalisé par UBS et Credit Suisse a suscité autocongratulation, étonnement, railleries et commentaires. L’affirmation mérite, en effet, quelques nuances.
Tout d’abord, et la précision a son importance, c’est bien lorsque la richesse médiane, et non moyenne, est prise en considération que la Belgique trône sur la première marche du podium.
Ensuite, les experts des deux établissements bancaires ont totalisé les richesses mobilières et immobilières sans en soustraire les crédits qui y sont liés. Or, on le sait, et c’est un constat répété à outrance: le Belge a une brique dans le ventre. Il épargne et achète de l’immobilier relativement jeune contrairement aux habitudes d’autres pays où la location reste un choix fréquent. Dès lors, ce classement des richesses aurait sans nul doute été différent si les dettes avaient été soustraites des calculs, vu le nombre élevé de propriétaires belges toujours redevables d’emprunts hypothécaires.
Les Belges sont les plus riches du monde. L’affirmation mérite quelques nuances.
Par ailleurs, le rapport avance qu’entre 2000 et 2022 – la période analysée par les établissements helvètes –, la Belgique aurait garanti la plus grande égalité de répartition des richesses. On pourrait donc en déduire que malgré les difficultés rencontrées par un nombre important de ménages, notamment durant la crise sanitaire ou celle du pouvoir d’achat, la Belgique resterait un pays relativement égalitaire. La réalité serait plutôt qu’elle serait moins inégalitaire que d’autres. Et même si la Belgique était moins inégalitaire en matière de patrimoines, ceux-ci ne seraient pas pour autant répartis de façon égalitaire.
Cette étude montre-t-elle, malgré tout, que la Belgique aurait effectivement mieux résisté que d’autres à la succession de crises, notamment en ce qui concerne la préservation des avoirs des citoyens? Elle prouve en tout cas que les interventions régulières de l’Etat belge, qu’il s’agisse du chômage corona, des droits passerelles, des chèques énergie, de l’extension des tarifs sociaux, de la réduction de la TVA sur le gaz et l’électricité ou encore des aides lors des inondations, ont amorti l’impact du choc financier pour de nombreux Belges.
Le principal enseignement du rapport UBS et Crédit Suisse est donc celui-ci: si notre pays a une population qualifiée de «riche» avec toutes les nuances apportées ci-dessus, elle a aussi un Etat de plus en plus pauvre, puisque les interventions publiques ont creusé davantage encore l’endettement et le déficit. Et dans ce classement-là, la Belgique est très loin du podium. Ce ne sera pas tenable à long terme. Pour regagner quelques places dans un classement, il faudra accepter d’en perdre dans un autre.
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