Anne-Sophie Bailly
L’édito d’Anne-Sophie Bailly: la Vivaldi sur un fil face au pouvoir d’achat
Répondre aux nombreuses attentes sociales avec des ressources limitées et surveiller les déficits ? Impossible de contenter tout le monde.
Aux Etats-Unis, c’est entériné depuis mai. Sauf surprise, ce le sera aussi en zone euro dès le 21 juillet prochain. Les banques centrales ont repris le chemin de la hausse des taux. Une voie qu’elles avaient quittée depuis des années au profit d’une politique monétaire accommodante et de programmes massifs de rachats d’actifs mais qu’elles retrouvent, poussées dans le dos par une inflation galopante. Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, et Christine Lagarde, son alter ego européen, se livreront donc, dans les mois à venir, à un difficile jeu d’équilibriste, chacun de leur mouvement devant contribuer à calmer l’inflation sans étouffer la reprise économique. La corde étant encore plus fine pour la présidente de la Banque centrale européenne, confrontée à une situation inflationniste dopée davantage qu’outre-Atlantique par des facteurs externes – les prix de l’énergie et la guerre en Ukraine.
Répondre aux nombreuses attentes sociales avec des ressources limitées et surveiller les déficits ? Impossible de contenter tout le monde.
Les mois à venir ne seront pas moins périlleux pour les gouvernements nationaux et régionaux. Le changement de cap des banques centrales acte que l’inflation qu’on espérait dans un premier temps temporaire semble s’inscrire dans la durée. Que, partant, les problèmes de pouvoir d’achat persisteront et les revendications sociales monteront en puissance. Elle acte tout autant la fin de l’argent gratuit, notamment pour les Etats qui se sont massivement endettés pour financer la lutte contre le Covid, la guerre en Ukraine et, déjà, le soutien au pouvoir d’achat. Si la situation n’est pas encore critique, elle requiert néanmoins une surveillance de tous les instants et imposera sous peu aux Etats de diversifier leurs sources de financement. Signe des temps qui changent, pour la première fois depuis trois ans, la Belgique va à nouveau émettre des bons d’Etat…
L’équilibre à trouver se situera donc entre répondre aux attentes sociales et surveiller les déficits. Mais avec des attentes sociales toujours plus nombreuses et des ressources plus limitées, impossible de contenter tout le monde. Chacun en est conscient et avance ses pions. En faisant fuiter une note d’orientation sur la réforme fiscale. En exposant ses propositions de bouclier social. En expliquant comment soutenir le bien-être et le pouvoir d’achat des citoyens. En balayant ces idées d’un tweet ou deux. Le tout en gardant les yeux rivés sur les élections de 2024.
Le fil de la Vivaldi semble de plus en plus mince.
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