Anne-Sophie Bailly

Le constat est sans appel: la Wallonie est à la traîne, à tous les niveaux, dans l’électrification de son parc automobile

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

L’électrification du parc automobile wallon prend du retard. Et l’état des finances publiques régionales ne va pas permettre de mettre le turbo.

La confection du budget flamand est donc passée crème. Pas d’atermoiement, pas de séquence dramatique. Mais des ministres régionaux tout sourire. Et même, en bonus, quelques cadeaux à destination des électeurs flamands. Dont l’un d’entre eux fait pas mal rêver et parler de l’autre côté de la frontière linguistique: une prime à l’achat d’une voiture électrique. Plutôt conséquente, d’ailleurs, puisqu’on parle de cinq mille euros la première année. Le but est clair: inciter les particuliers à abandonner leur véhicule thermique au profit de l’électrique qui reste jusqu’ici essentiellement l’apanage des voitures de société. Pour la Flandre, ce soutien à l’électrification du parc automobile des particuliers est en réalité un bis repetita, puisque des aides à l’achat avaient déjà été distribuées, avant d’être suspendues en 2020.

La Wallonie est à la traîne, à tous les niveaux, dans l’électrification de son parc automobile.

La Wallonie n’a jusqu’ici pas du tout suivi la même route. Récemment, Philippe Henry (Ecolo), en charge du Climat, des Infrastructures, de l’Energie et de la Mobilité, reconnaissait que si le financement de la mobilité électrique restait un problème majeur pour les particuliers, la voie d’un soutien à l’achat semblait financièrement difficile à emprunter. La récente révision de la fiscalité automobile wallonne, qui entrera en vigueur en juillet 2025, n’a pas non plus massivement soutenu le passage à l’électrique. Centrée sur la taxe de mise en circulation et non sur la taxe annuelle de circulation, cette miniréforme soutiendra davantage les petites citadines à l’autonomie modérée que des véhicules plus lourds capables de parcourir davantage de kilomètres. Et cela, même si ce facteur reste un critère prépondérant dans l’acte d’achat. Surtout quand on sait qu’en matière de bornes de recharge, la Wallonie reste vraiment à la traîne dans le développement d’infrastructures ad hoc.

Quant au conclave budgétaire wallon qui vient de débuter, il s’exerce, lui aussi, dans un tout autre cadre qu’au nord du pays. On sait les finances publiques wallonnes lourdement grevées par la crise du Covid et les inondations. On connaît aussi le poids de son endettement et le contexte de hausse des taux qui alourdissent encore sa charge de refinancement. Un contexte qui ne se prête pas vraiment aux largesses préélectorales.

Le constat est donc sans appel: la Wallonie engrange des retards à tous les niveaux dans l’électrification de son parc automobile. Comment parviendra-t-elle à mettre le turbo? A améliorer son maillage de bornes? A convaincre les particuliers?

Car l’enjeu le vaut et les finances ne le permettent pas.

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