Anne-Sophie Bailly

Ils sont cinq sur la ligne de départ de l’Arizona, l’un avec une avance confortable: c’est Bart De Wever

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

A la tête de l’Arizona, Bart De Wever reste un indépendantiste nationaliste flamand, il a en poche les clés du 16 rue de la Loi. Et il prépare l’après 2029. Il a déjà une longueur d’avance.

Les voilà enfin tous les cinq sur la ligne de départ, forts d’un accord de gouvernement et prêts à entamer la grande traversée de l’Arizona chacun muni des victoires –et des quelques renoncements– que ces longs mois de négociations ont permis d’engranger. Certains aussi avec une longueur d’avance supposée ou avérée.

C’est ainsi que le tour de passe-passe final de Georges-Louis Bouchez –qui pressenti pour accéder au ministère de l’Intérieur mais y a finalement renoncé – a suscité un agacement non feint chez ses partenaires de négociations, Bart De Wever en premier. Cette surprise du chef montre une nouvelle fois que le leader libéral n’entend pas davantage que sous la Vivaldi apparaître exactement là où on l’attend. Et que, supputant que cette course en solitaire a contribué au succès électoral de son parti, il continuera sur cette lancée.

Mais la formation qui entame la course avec plusieurs foulées d’avance est sans conteste la N-VA qui s’est vu attribuer les portefeuilles les plus lourds, conformément à son poids électoral, un peu moins conformément à sa nouvelle posture de classique parti de centre-droit. Car s’il y a une petite vingtaine d’années, Bart De Wever faisait de la scission de l’arrondissement judiciaire de Bruxelles-Hal-Vilvorde son mantra politique, qualifiait la Belgique d’«homme malade de l’Europe», déplorait que la monarchie joue le jeu des francophones ou comparait les Wallons à des junkies sous perfusion, c’est aujourd’hui ce même Bart De Wever qui jure fidélité au roi, obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge. Qui reçoit les remerciements chaleureux du roi Philippe sous les ors du palais. Qui, dans un narratif étudié, explique accepter cette charge, non parce qu’il le veut, mais parce qu’il le doit. Que c’est sa responsabilité de se porter au secours d’un pays dont les habitants votent enfin dans la même direction. Qu’il faut réformer le pays. Que les temps seront durs, mais l’effort et le travail valorisés. Le tout dans l’optique d’emporter l’adhésion des francophones (ou au moins d’apaiser les craintes d’une partie d’entre eux).

Sur cette ligne de départ, Bart De Wever semble donc avant tout être dans les starting-blocks pour imposer à la Belgique du nord comme du sud un programme socio-économique, certes dur et marqué du sceau de la rupture, mais classiquement de droite. Quitte à mettre en pause les velléités nationalistes de son parti? Qu’on ne s’y trompe pas. A cet égard, rien n’a changé, si ce ne sont des éléments de discours qui évoquent désormais un «fédéralisme de réforme renforcé» plutôt qu’un «confédéralisme». D’ailleurs, le prisme communautaire apparaît en filigrane dans chaque prise de parole, dans chaque interlignage de l’accord de gouvernement, dans chaque chantier majeur qui sera entamé. C’est donc bien un indépendantiste nationaliste flamand qui a en poche les clés du 16 rue de la Loi. Et qui prépare dès maintenant l’après 2029.

En cela, il a déjà une longueur d’avance sur ses partenaires.

Un indépendantiste nationaliste flamand a en poche les clés du 16 rue de la Loi. Et il prépare l’après 2029.

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