Anne-Sophie Bailly

Grève dans l’enseignement: l’officielle et l’officieuse

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Officiellement, c’est pour dénoncer les coupes dans l’enseignement qualifiant qu’un préavis de grève a été déposé. Officieusement, c’est la fin des nominations des enseignants qui a dopé l’ampleur du mouvement de grogne.

Officiellement, c’est pour dénoncer les coupes dans l’enseignement qualifiant qu’un préavis de grève a été déposé.

Globalement, c’est la mise en place du volet «économies» du Pacte d’excellence qui a poussé une partie du corps enseignant à se croiser les bras le 26 novembre, rejoint par quelques pouvoirs organisateurs et directions d’écoles.

Officieusement, c’est l’annonce par la coalition Azur de vouloir mettre fin aux nominations des enseignants qui a dopé l’ampleur du mouvement de grogne.

Et c’est tout sauf surprenant. On savait le projet de décret relatif à l’enseignement du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles potentiellement explosif pour un secteur déjà largement sollicité par la mise en œuvre du Pacte d’excellence. Un chantier majeur et de longue haleine qui en redéfinissant en profondeur le système éducatif a eu des conséquences sur les apprentissages, la charge administrative du personnel encadrant, la formation et l’évaluation des enseignants et a nécessité des adaptations pas toujours souhaitées par le terrain. Dans ce contexte, l’annonce du projet de faire passer les futurs enseignants de statutaires à contractuels a agi comme l’amplificateur d’une colère qui grondait. Ce mécontentement est désormais alimenté, en plus, par de l’incertitude car si le duo MR-Les Engagés communique largement sur son intention de mettre fin au système des nominations, le cadre dans lequel ces contrats à durée indéterminée spécifiques seront mis en place reste manquant.

L’absence de détails sur les CDI des profs fait bruisser les fausses informations.

Cette absence d’informations et de détails dope la spéculation et fait bruisser les fausses informations sur les réseaux sociaux, dans les salles des profs. «Avec un CDI, c’est fini de pouvoir demander un prêt hypothécaire.» «Super, ma pension sera rabotée de 300 euros.» «Quel délire, nous aurons un CDI de dix mois puis deux mois de chômage, puis un nouveau CDI de dix mois.»

Et tant que les contours de ces nouveaux contrats de travail ne seront pas déterminés avec précision, les rangs syndicaux continueront à souffler sur les braises de la colère, les arrêts de travail nourriront le sentiment antiprofs. Dans les filières de formation, on continuera à se questionner sur l’opportunité de devenir enseignant. Et les mouvements de grève se poursuivront pour un autre motif que celui officiellement annoncé.

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