Anne-Sophie Bailly

Gouvernement bruxellois: un blocage qui n’a rien d’institutionnel

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

La séquence postélectorale dans les négociations pour former un gouvernement bruxellois tend à mettre en lumière les problèmes de structure de la Région, le blocage est pourtant bien davantage politique qu’institutionnel.

On en est toujours là, huit mois après le scrutin. A constater l’impossibilité de constituer un gouvernement pour gérer la Région de Bruxelles-Capitale. D’où l’idée, après le pas de côté du formateur libéral David Leisterh, de repartir de zéro pour tenter de s’entendre d’abord sur le fond des choses, avant de choisir qui montera à bord. Autrement dit, aborder prioritairement le projet politique voulu pour Bruxelles. L’idée, c’est aussi de disposer d’un duo écologiste et centriste, néerlandophone et francophone, et de miser sur son sens du compromis pour tenter de surmonter le blocage et de ramener le débat bruxellois à l’échelon des préoccupations régionales.

La marge de manœuvre sera étroite, la tâche compliquée. Les premières déclarations prononcées au lendemain de l’ère Leisterh n’incitent d’ailleurs guère à l’optimisme. Les positions restent actuellement ancrées dans le registre des «contre» –contre la N-VA qui n’a pas gagné les élections à Bruxelles, contre le PS qui veut dicter sa ligne de conduite aux partis flamands, contre le CD&V qui se voit plus gros que le bœuf– plutôt que dans celui des «pour» –pour soutenir les CPAS bruxellois, pour mener des réformes, pour contenir le déficit public, pour rénover les tunnels, pour retisser le tissu économique…

Pourtant, ces partenaires potentiels devront s’asseoir autour d’une même table. Car aucune autre voie que celle du compromis politique n’est souhaitable ou tenable pour Bruxelles. Ni celle des affaires courantes jusqu’en 2029, ni celle d’une pseudo mise sous tutelle fédérale. Les finances bruxelloises l’imposent, les urgences sociales et économiques l’exigent.

Quant aux Bruxellois, ils méritent que leur choix électoral soit respecté. Car si la séquence postélectorale tend à mettre en lumière les problèmes de structure de la Région, le blocage est pourtant davantage politique qu’institutionnel. Et dire autre chose, c’est diffuser une vision tronquée de la paralysie actuelle. Il va donc bien falloir que la piste du CD&V, notamment, soit explorée en profondeur. Si elle se solde par un échec, le PS ne pourra plus se retrancher derrière ses souhaits de majorité alternative côté néerlandophone et devra accepter de gouverner au régional avec une formation qu’il combat au fédéral. Si elle offre une alternative crédible, le MR devra l’envisager malgré sa bromance au sein de l’Arizona. Tout cela n’a rien d’institutionnel.

Dans les négociations pour la formation d’un gouvernement bruxellois, les positions restent ancrées dans le registre des «contre».

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