Anne-Sophie Bailly
Face au Vlaams Belang, Bart De Wever a sorti son dernier atout. Avec quel objectif?
En refusant de gouverner avec le Vlaams Belang, Bart De Wever a sorti son dernier atout. Reste à voir s’il suffira à limiter la casse.
Les sondages préélectoraux se suivent et se ressemblent. Avec globalement, du côté francophone, un PS et un MR au coude-à-coude, une remontada des Engagés, un PTB qui stagne; du côté néerlandophone, un Belang toujours en grande forme, une N-VA qui peine à convaincre, Vooruit qui profite un peu du retour de «King Connah», un Open VLD qui dégringole; des deux côtés de la frontière linguistique, des verts en souffrance. Et surtout, un pourcentage toujours élevé d’indécis, entre 20% et 30% selon le scrutin considéré.
C’est dire si les quelques jours restants avant que les urnes ne livrent leur verdict seront mis à profit pour tenter de faire mentir les sondages ou de conforter l’avance, selon ce que les projections indiquent.
C’est dans cette logique qu’il faut comprendre la récente sortie de Bart De Wever qui, après avoir entretenu l’ambiguïté sur le sujet tout au long de la campagne, a finalement affirmé qu’il ne gouvernerait pas avec le Vlaams Belang, car, dit-il, «je ne suis pas d’accord avec ce parti sur à peu près tout». Argumentant que les grands problèmes de ce temps «comme la migration, le budget ou le climat» doivent être réglés à l’échelon fédéral, et que le parti de Tom Van Grieken n’envisage pas de gouverner à ce niveau de pouvoir. Que donc voter utile, c’est voter N-VA. Pas Belang. Qu’à l’heure de former les coalitions, il faudra compter avec la N-VA. Pas avec le Belang.
A l’approche de la fin de la partie, Bart De Wever a donc sorti de son jeu une dernière carte. Suffira-t-elle à changer la donne et à faire pencher les indécis en faveur de sa formation politique? Quelques éléments de réponse se trouvent dans les enseignements du grand sondage préélectoral réalisé par Le Vif en février dernier, qui avait également interrogé les électeurs sur leurs intentions de non-vote –l’idée étant d’identifier les partis qui suscitaient le plus d’aversion. Verdict: après la famille verte, c’est le parti flamand d’extrême droite qui récoltait le plus d’intentions négatives. Et si, globalement, plus d’un Belge sur trois déclarait qu’il ne voterait certainement pas pour le Belang, ce pourcentage montait à 45,6% dans le seul chef des sondés néerlandophones. Ce qui pourrait conforter le bourgmestre d’Anvers dans son projet de rameuter les indécis. D’autant que c’est du côté du Vlaams Belang que la N-VA trouve le plus important réservoir d’électeurs potentiels (70% contre 26,3% pour l’Open VLD, par exemple).
Logique, donc, que Bart De Wever ait sorti son dernier atout. Celui qui lui permettra peut-être de limiter la casse pour la N-VA. Mais pas davantage. Car même si l’on a coutume de dire que les dernières journées d’une campagne peuvent s’avérer une éternité en politique, qu’un cygne noir peut toujours surgir, le 9 juin devrait bien être un dimanche noir. Puisque c’est parmi les électeurs du Vlaams Belang qu’on trouve le degré de conviction le plus intense et, par corollaire, le moins d’indécis.
Le président de la N-VA veut séduire les indécis, mais c’est au Belang qu’on en trouve le moins.
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