Anne-Sophie Bailly

Exki et Lunch Garden ne seront pas les seuls à devoir rendre leur tablier

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Pour la restauration de milieu de gamme, les temps resteront durs. Exki et Lunch Garden ne seront pas les seuls à devoir rendre leur tablier.

La chaîne de restauration Lunch Garden a donc déposé le bilan. Malgré une série de facteurs explicatifs qui lui sont propres, dont un concept et une proposition culinaire dépassés, c’est néanmoins un nom supplémentaire qui s’ajoute à la liste déjà longue des restaurants, brasseries et bistrots à avoir fait aveu de faillite ou à lutter pour leur survie. Une hausse du coût des matières premières difficile à répercuter sur l’addition et une diminution de la fréquentation depuis la baisse du pouvoir d’achat ont fait vaciller l’équilibre financier de ces entreprises. Les derniers chiffres le prouvent. L’Horeca, notamment bruxellois, est l’un des secteurs qui paie le plus lourd tribu sur l’autel des faillites. A nouveau, des explications multifactorielles sont à l’origine de cette démultiplication de dépôts de bilan, notamment le télétravail qui a réduit drastiquement la consommation hors foyers et le moratoire sur les faillites instauré pendant la pandémie, qui a artificiellement maintenu hors de l’eau la tête de sociétés déjà moribondes.

A côté des constats chiffrés, ces mises à l’étalage reflètent aussi l’évolution des aspirations placées dans la consommation en dehors du domicile.

Pour le consommateur, réserver une table dans un restaurant, c’est la perspective d’un moment social convivial certes, mais qu’il estime devoir s’intégrer dans son budget. Pour autant, il table aussi sur une expérience à la hauteur de ses attentes. Le plaisir étant alors primordial, il entend, à cette occasion, ne pas être tributaire du temps et profiter d’un service de qualité.

Pour le restaurateur, accueillir des clients c’est exercer un métier de passion, certes, mais qui s’avère de moins en moins rentable. Pour répondre à l’impératif contrôle des coûts, chacun cherche la parade. L’un propose deux services, l’autre tente de standardiser sa carte. Certains s’essaient au regroupement de cuisines ou à la réduction des portions (voire de la qualité). Pour le service, le personnel Horeca étant devenu une denrée rare, les étudiants sont sollicités en masse.

Exki et Lunch Garden ne seront pas les seuls à devoir rendre leur tablier.

Les points d’intersection entre les attentes des uns et la réalité des autres se raréfient tant que la segmentation du secteur ne cesse de se renforcer. Avec, d’un côté, une restauration plus haut de gamme répondant aux aspirations d’une clientèle aisée et offrant au restaurateur une rémunération convenable pour lui et ses collaborateurs et, à l’opposé, le succès non démenti des fast-foods, qui permet à une clientèle différente d’allier la convivialité à une certaine forme d’accomplissement social.

Pour le milieu de gamme et les enseignes au positionnement flou, par contre, les temps resteront durs. Exki et Lunch Garden ne seront pas les seuls à devoir rendre leur tablier.

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