Anne-Sophie Bailly
EDITO | Une histoire d’eau. Ou plutôt d’absence d’eau comme de mesures préventives
Peu de mesures préventives sont prises pour lutter contre la sécheresse en Belgique. Même si la situation est qualifiée de grave. Même si nos voisins sont déjà en situation de pénurie.
La Belgique suffoque. La terre se craquelle, les cultures souffrent. Le bétail cherche le moindre brin d’herbe encore vert dans des prairies aussi jaunes que miséreuses. La canicule éprouve tout aussi durement le reste de l’Europe. Les thermomètres restent obstinément orientés à la hausse et les pluviomètres peinent à engranger quelques millimètres d’eau à la faveur d’un orage local.
Un contexte à nouveau propice aux départs de feux de forêt, comme ceux qui ont décimé des hectares en Gironde, en Espagne, en Dordogne ou en Toscane. Ces incendies ravageurs sont une nouvelle manifestation violente des conséquences du réchauffement climatique. L’extrême sécheresse de la végétation rend, en effet, la période critique plus longue et les zones à risque plus étendues.
Accuser uniquement le réchauffement climatique, c’est malgré tout se dédouaner un peu trop facilement. On ne rappellera jamais assez que 90% des départs d’incendie sont le fait de l’homme. Que l’origine soit accidentelle ou volontaire. Des mesures existent pour limiter la propagation de ces feux, comme davantage de vigilance, une réflexion autour de la composition de l’habitat, la diversification des essences des forêts, l’entretien des abords, l’instauration de bandes sans végétation… Mais elles sont encore insuffisamment exploitées.
En Belgique aussi, peu de mesures préventives ont été adoptées pour contrer la sécheresse. Un groupe de travail a toutefois été créé. Une «stratégie intégrale sécheresse» sera présentée au parlement de Wallonie à la rentrée. Au stade actuel, seules treize communes ont pris des arrêtés de police de restriction de consommation de l’eau de distribution. Le groupe consultatif sur la sécheresse en Flandre, réuni lundi, n’a proposé aucune mesure supplémentaire. L’argument principal étant qu’un hiver pluvieux a rendu le niveau des nappes phréatiques confortable.
Et pourtant, la pénurie d’eau a déjà gagné les Pays-Bas.
Et pourtant, les cours d’eau comme l’Ourthe, la Vesdre, la Lesse ou l’Amblève connaissent un débit historiquement bas.
Et pourtant, la situation est qualifiée de «grave» par la cellule de crise, qui ajoute «on ne sait pas combien de temps durera la sécheresse «.
Et pourtant, les vagues de chaleur sont amenées à se multiplier.
Et pourtant, la désertification de l’Europe est enclenchée.
Et pourtant, l’eau est un bien déjà précieux.
Le mot d’ordre de ce début août, «chacun doit faire preuve de créativité pour économiser l’eau», revient quasiment à s’en laver les mains.
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