Anne-Sophie Bailly
Derrière la faillite de Van Hool, la question de la réindustrialisation de l’Europe
Le constructeur de bus Van Hool est en faillite. Ce dépôt de bilan, comme les plans en cours chez Audi Bruxelles ou Barry Callebaut, reposent la difficile question de la réindustrialisation de l’Europe.
La perspective d’un dépôt de bilan de l’entreprise Van Hool faisait les gros titres depuis des semaines. La faillite est désormais effective. Malgré quelques offres de reprises, le bilan social sera lourd et l’entreprise dépecée. Les craintes des travailleurs de l’usine bruxelloise d’Audi restent vives quant au futur du site d’assemblage belge. Un plan de sauvetage est en cours d’élaboration, les travailleurs intérimaires ont déjà perdu leur emploi. Il y a quelques semaines, c’était chez le chocolatier Barry Callebaut qu’un important plan de restructuration était annoncé. Cinq cents emplois restent menacés.
A côté des problèmes propres à chacun de ces acteurs – lacunes dans la gestion, ralentissement du marché, envol du prix des matières premières –, c’est la complexité de réindustrialiser l’Europe de l’Ouest qui sous-tend ces cas particuliers. Pourtant, cette thématique ne fait guère partie des priorités de campagne mises en exergue par les partis politiques. Pas que leurs dirigeants se désintéressent de la question. Tous, avec leurs propres inflexions, sont convaincus de l’impérieuse nécessité de ramener de l’industrie sur le sol européen en général et en Belgique en particulier, comme de celle de devoir répondre aux mesures protectionnistes mises en place tant par les Etats-Unis que par la Chine. Mais aucun n’avance cette thématique dans son Top 5. Ni même dans son Top 10.
Parce que le pouvoir d’achat, le salaire net en poche, la durée des études, la prolongation du nucléaire, la taxation des ultrariches ou l’abattage rituel semblent, a priori, plus concernants que de se positionner sur l’opportunité d’un tax shelter industriel ou de débattre des questions induites par la mise en place du MACF (mécanisme d’ajustement carbone aux frontières) décidé par l’Union européenne? Certainement. Pourtant, le ressentiment induit par des événements extérieurs comme la délocalisation de «son» unité de production ou la fermeture de «son» entreprise nourrit autant la défiance à l’égard des élus que le dumping social n’alimente le populisme.
Reste à voir si cette dure actualité économique et l’accumulation des jobs perdus placeront ces enjeux stratégiques majeurs sur le devant de la campagne. Le doute est permis.
«Le ressentiment induit par le dumping social alimente le populisme.»
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici