Anne-Sophie Bailly
Décret paysage, bien-être animal: quand les alliés sont fonction des circonstances
Qu’il s’agisse de valider la réforme du Décret paysage ou d’inscrire le bien-être animal dans la Constitution, des majorités alternatives ont pris place. Des alliés de circonstances ont été trouvés.
La fin de la législature pointe en ligne de mire. Dans les partis, on s’affaire en vue du grand soir. On met les bouchées doubles pour magnifier autant que faire se peut le bilan final, pour convaincre les voix indécises, pour grappiller les quelques points qui permettront de se rendre le moins contournable possible au lendemain du 9 juin. Notamment en mettant toutes ses forces dans la bataille pour décrocher un dernier trophée.
Deux votes récents l’illustrent. Le premier est celui intervenu au parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles sur la réforme du décret paysage qui a revu les conditions de réussite et de finançabilité des étudiants de l’enseignement supérieur. Le deuxième est celui qui, en séance plénière de la Chambre, a inscrit le bien-être animal dans la Constitution.
Ces deux modifications législatives aussi éloignées du niveau de pouvoir dans lequel elles ont pris place que du sujet qu’elles concernent ont en commun d’avoir donné aux voix des extrêmes une nouvelle réalité. Celle de leur utilité. Dans le cas du décret paysage pour que le PS et Ecolo puissent valider la réforme qu’ils proposaient, l’aval du PTB était indispensable. Autrement dit, pour espérer empocher une partie du vote étudiant, il a fallu compter sur le soutien de cette gauche radicale. Dans le cas du bien-être animal, aucune majorité suffisante n’aurait pu voir le jour sans le vote favorable du PTB, ni les absentions du Vlaams Belang et de la N-VA. Autrement dit, pour rencontrer le souhait de mieux protéger les animaux porté par une large majorité des Belges, il a fallu miser tant sur le vote et que sur l’abstention des deux partis les plus extrêmes du pays.
Deux votes et une certitude: les recours à ces majorités alternatives ont offert une légitimation au vote des extrêmes.
Ces deux séquences politiques récentes illustrent également qu’à quatre semaines d’un scrutin majeur, l’indignation est plus que jamais à géométrie variable. Ainsi, s’indigner du comportement d’un adversaire politique qui table sur le soutien d’un parti extrême et populiste pour faire passer une réforme électoralement porteuse est de bon ton quand on est soi-même mis en minorité par le vote. S’indigner pour la même raison ne l’est plus quand on fait partie de la majorité qui avalise le vote et que le sujet est potentiellement rapporteur de voix.
Deux votes donc et une certitude: les recours à ces majorités alternatives d’un côté comme de l’autre de la frontière linguistique ont offert une légitimation au vote des extrêmes. Et il faudra compter avec cette réalité dès le 10 juin, quand une longue période d’affaires courantes s’ouvrira et que chacun choisira ses alliés en fonction des circonstances.
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