Anne-Sophie Bailly
Dans le rapport de force syndicats-Glatigny, il y a une grande perdante: l’école
Malgré les grèves, l’opposition et la colère, il faudra s’assoir à la table de négociation pour penser l’avenir de l’enseignement. L’école en a besoin, d’urgence.
Une grève historique. Plus de 30.000 personnes dans les rues de Bruxelles. Des piquets devant de nombreux établissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Des actions visuellement porteuses dans les rues de Liège ou devant le siège du MR. Les deux jours de grève des enseignants ont porté. L’opposition au projet de réforme de l’enseignement de la coalition Azur, véhiculée par les organisations syndicales, a été massivement relayée et diffusée. Peu importe que le message ait parfois été flou, imprécis, voire inexact. Que ce soit un ras-le bol généralisé, les nombreux changements imposés au secteur, l’image négative de la profession qui a poussé le corps professoral à battre le pavé. L’objectif pour les syndicats est atteint: arriver à la table de négociation de la ministre de l’Enseignement Valérie Glatigny (MR) forts d’un soutien suffisamment massif pour espérer peser dans le rapport de force.
Et maintenant?
La suite, c’est qu’il va falloir s’assoir autour de cette fameuse table de négociation et entendre. Qu’eu égard aux importants moyens alloués à l’enseignement et aux résultats obtenus, une marge de progression est possible. Que rationaliser les filières et réformer l’enseignement qualifiant était déjà acté sous la précédente législature. Qu’éviter les doublons en orientant certains parcours vers l’enseignement pour adultes n’est pas synonyme de désinvestissement dans l’école. Que les caisses de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont dans le rouge et que le déficit ne peut être creusé davantage.
Et puis évidemment il faudra ouvrir le débat sur le sujet qui fâche, le cœur de la grogne: l’évolution du statut de l’enseignant qui reste inaudible pour les représentants du personnel.
Tous ces chantiers doivent être ouverts. En concertation et sur la base de donnés objectivables, comme un cadastre des formations ou les contours précis des contrats à durée indéterminée. Et même si Valérie Glatigny a invité les syndicats à s’associer aux chantiers en cours, ces informations, elles, font défaut. Autant que l’envie de céder du terrain. Du côté syndical où on refuse tout «simulacre de concertation», du côté de la coalition Azur, où on n’entend pas faire marche arrière sur le décret voté.
Aujourd’hui, on est donc là dans l’évaluation des rapports de force. Avec une seule grande perdante: l’école.
L’objectif des syndicats est atteint: arriver à la table de négociation forts d’un soutien massif.
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