Anne-Sophie Bailly
Ce sont surtout les Belges les plus riches qui ont profité du bon d’Etat
On attend les détails de la future émission du bon d’Etat. Mais il y a des choses que l’on sait déjà avec certitude.
Il y a autour de la prochaine émission du bon d’Etat actuellement beaucoup plus d’incertitudes que de certitudes. Certaines seront levées prochainement puisque, le 17 novembre, l’Agence de la dette dévoilera la maturité des nouvelles émissions et, d’ici à la fin du mois, les conditions financières, comme le rendement et le taux de précompte, seront précisés.
Ce n’est que lorsque ces informations seront rendues publiques que les premières réponses aux questions suivantes pourront être esquissées. Les épargnants souscriront-ils encore aussi massivement à ces titres que lors de la précédente émission, qui avait rapporté près de 22 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat? L’investisseur sera-t-il disposé à prélever de l’argent de son compte d’épargne pour le prêter à l’Etat sur une durée qui excéderait une année? L’impact de cette émission sur l’immobilisme des banques se répétera-t-il? Voilà pour les inconnues.
Au rayon certitudes, d’abord, le fait que toute annonce relative à une amélioration de la rémunération de l’épargne trouve un écho retentissant au sein de la population. Et que donc l’opération «bon d’Etat» a permis à Vincent Van Peteghem (CD&V) de se refaire une santé politique, en faisant passer le fiasco de la réforme fiscale au second plan. Il n’est désormais plus le ministre des Finances qui a échoué à réorienter la fiscalité vers le capital pour alléger celle sur les revenus du travail. Ni celui qui n’a pu ralentir la progressivité de l’impôt. Il n’est pas non plus celui qui verra son mandat se conclure avec autant de niches fiscales qu’il l’avait entamé. Enfin si, son bilan sera effectivement celui-là. Mais il est pourtant perçu comme l’instigateur d’une certaine équité fiscale, celui qui a rééquilibré les plateaux entre des banques trop voraces et des épargnants grugés.
Ce sont surtout les Belges les plus riches qui ont profité du bon d’Etat.
Une posture que Johan Thijs, le patron de KBC, a récemment taillée en pièces en jetant quelques chiffres sur la table et un fameux pavé dans la mare. Des chiffres comme 250 000 euros, soit le montant disponible sur le compte d’un quart des clients de la banque qui ont pris part à l’émission. Ou comme 1%, soit le pourcentage de clients disposant de moins de 25 000 euros d’avoirs qui ont acquis des bons d’Etat. Ce qui traduit une réalité: ce sont essentiellement les Belges les plus riches qui ont profité de la rentable proposition de Vincent Van Peteghem. Alors que, potentiellement, une réforme fiscale aurait, elle, concerné l’ensemble de la population, puisque dans son accord de gouvernement, la Vivaldi s’était engagée en faveur d’un système fiscal plus équitable. Ce n’est pas le cas du bon d’Etat, c’est désormais certain.
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