Anne-Sophie Bailly

Budget, taux d’emploi, taxes sur les plus-values: comment Trump oblige Bart De Wever à revoir sa copie

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

La conjoncture économique ne rendait pas le projet du gouvernement De Wever particulièrement facile à mettre en place. Les coups de tonnerre géopolitiques successifs de Donald Trump l’obligent à revoir sa copie.

Quelle sera la réaction européenne? Le Vieux Continent parviendra-t-il à apporter une réponse concertée? Quels pays céderont au chantage et lesquels choisiront l’escalade? Jusqu’où ira la riposte chinoise? Aux Etats-Unis, une inflation grandissante et une baisse du pouvoir d’achat nourriront-elles abondamment la colère de la rue? Les soubresauts des marchés financiers mondiaux feront-ils changer les investisseurs et les industriels de camp? Actuellement, la plupart de ces questions restent sans réponse. Sur le long terme, il n’est pas davantage possible de prédire si l’instauration de barrières douanières par Donald Trump aura les effets escomptés par le républicain, à savoir réduire le déficit commercial américain, réindustrialiser les Etats-Unis, asphyxier économiquement ses anciens partenaires pour les obliger à la négociation. Si par cette guerre commerciale, Donald Trump parviendra à imposer, même partiellement, sa vision du monde en matière de dérégulation économique, sociale ou environnementale. L’incertitude est totale.

A court terme, en revanche, une chose est certaine. Ce «Liberation Day» entraîne des conséquences majeures pour l’économie mondiale. Impossible pour la Belgique d’échapper aux secousses, Bart De Wever évoquant d’ailleurs un «impact considérable» pour un pays exportateur comme le nôtre. De fait, si les entreprises exportatrices devront s’adapter et chercher de nouveaux débouchés, dans l’immédiat et à moins de posséder un avantage concurrentiel tel qu’il leur permette de faire porter l’imposition douanière par leurs clients, elles n’auront d’autres choix que de réduire leurs marges ou couper dans leurs frais. Ce qui n’augure rien de bon pour l’objectif du taux d’emploi de 80% de l’Arizona sur lequel le gouvernement belge a bâti sa feuille de route.

Le climat actuel incite davantage à la thésaurisation qu’à l’investissement.

Or, on sait qu’à une trajectoire budgétaire déjà particulièrement optimiste, De Wever Ier doit encore ajouter une augmentation sensible des dépenses en matière de défense pour entrer dans les clous des contributions attendues par les membres de l’Otan. Différentes pistes étaient sur la table, rares sont celles qui tiennent encore la route. La vente de quelques bijoux de famille? Le timing était déjà mal choisi pour certains d’entre eux, comme Proximus dont le cours est actuellement dans les choux. La récente claque boursière a rendu caduques d’autres pistes de cession, comme celle de BNP Paribas, par exemple. Quant à la possibilité de vendre de l’or également évoquée sans faire l’unanimité, elle perd encore en consistance dans cette période de bouleversements monétaires. Recourir aux bons d’Etat, spécial défense? Le succès semble peu probable. Avant que Donald Trump ne dégaine son bazooka tarifaire, seule environ la moitié des Belges se disait séduite par ce produit financier, selon le sondage exclusif du Vif, «Les Belges et la guerre». Depuis, les marchés financiers ont bu la tasse, les investisseurs ont vu leur portefeuille perdre de la valeur et les épargnants leurs économies fondre. Quant au climat d’incertitude actuel, il incite davantage à la thésaurisation qu’au placement. Et si le recul des marchés financiers se poursuit, l’Arizona peut également enterrer les rentrées planifiées grâce à la taxe sur les plus-values.

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Dès le départ, la conjoncture économique ne rendait pas le projet gouvernemental de l’Arizona particulièrement facile à mettre en place. Les coups de tonnerre géopolitiques successifs l’obligent à revoir sa copie en gardant à l’esprit le constat rappelé par Bart De Wever lui-même: «Personne n’est gagnant dans cette guerre commerciale. Le consommateur en est le principal perdant.»

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