Anne-Sophie Bailly
Bart De Wever l’équilibriste ne dissout pas Bart De Wever le nationaliste
Dans sa mission de formateur, Bart De Wever jouait l’équilibriste. Mais il est aussi volontariste, fin stratège. Et nationaliste.
On dit de Bart De Wever qu’il jouait les équilibristes. Que sa mission de formateur le contraignait à ménager la chèvre et le chou. A savoir: composer avec le MR qui se targue d’avoir remporté les élections et Vooruit qui se sait pratiquement indispensable à la formation d’une coalition Arizona, dépasser les inimitiés personnelles entre Georges-Louis Bouchez et Conner Rousseau, satisfaire le premier en n’actant aucun nouvel impôt tout en accordant au deuxième quelques trophées à même de rassurer son électorat.
On dit aussi beaucoup de Bart De Wever qu’il est volontariste. Que sa détermination à aboutir était manifeste. Que c’est en toute conscience qu’il mettait la pression sur ses futurs partenaires pour qu’ils empruntent le chemin des indispensables réformes du marché du travail, des pensions, de la fiscalité, qu’il traçait au travers de ses notes de travail successives. Qu’il était résolu à profiter de l’actuel alignement des planètes pour installer un gouvernement de centre-droit à l’échelon fédéral et en devenir la tête de file.
Tout cela est vrai. Tout cela explique les fuites répétées dans la presse sur certains points des «supernotas». Tout ça théâtralise les négociations en cours.
On rappelait en revanche un peu moins que Bart De Wever est et reste un nationaliste. Que jusqu’il y a peu, le salut de la Belgique ne se concevait à ses yeux qu’au travers du confédéralisme. Qu’il avait chargé un de ses proches, Sander Loones, de tâter les positions des autres partis sur la manière de réformer les structures de l’Etat sans pour autant devoir réviser la Constitution ou passer par des lois spéciales. Conférer plus d’autonomie aux entités fédérées, leur transférer davantage de compétences, régionaliser certains pans du budget fédéral… Les idées ne manquaient pas. Mais celles-là ne fuitaient pas.
Son pari? Valider le socioéconomique pour que personne n’ait le courage d’endosser la responsabilité d’un échec sur l’institutionnel.
Car Bart De Wever est un stratège. Son pari en tant que formateur? Acter un avancement majeur sur le plan socioéconomique – et le faire savoir– pour qu’au moment d’aborder l’institutionnel, aucun de ses partenaires n’ait plus ni la tentation de bloquer les négociations, ni le courage d’endosser la responsabilité d’un échec. Tous aiguillonnés par le même credo: faire des concessions décevra certains, ne pas aboutir en décevra plus encore.
Au stade actuel des négociations, il n’a pas réussi à dépasser le premier volet de son plan… Retour à la case départ.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici