Anne-Sophie Bailly

Au lendemain des élections communales, coups de poker et marchandages renforcent le sentiment d’inefficience du vote

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Les coups de poker, les marchandages en coulisses et les alliances surprises après l’annonce des résultats des élections communales dans certaines entités à Bruxelles et en Wallonie sont de nature à renforcer le sentiment d’inefficience du vote.

C’était donc une élection de confirmation. A quelques nuances près, la réplication des orientations politiques de juin dernier a eu lieu le 13 octobre. Outre les résultats, ce dimanche électoral a également confirmé l’écart qui ne cesse de grandir entre le citoyen et la classe politique. Alors que les politologues tablaient sur un recul modéré du taux de participation en Flandre, lié à la fin de l’obligation de vote, seuls environ deux électeurs du nord sur trois sont allés voter. Dans le reste du pays, c’est une hausse du taux d’abstention qui a été observée. Cette apathie à l’égard du scrutin reflète le sentiment d’inefficience du vote qui percole dans la population; elle traduit l’expression du citoyen sceptique tant sur sa capacité à appréhender les enjeux d’un scrutin («Je n’y comprends rien») que sur le fait d’être entendu («Tout est joué d’avance»).

Les coups de poker, les marchandages en coulisses et les alliances surprises après l’annonce des résultats dans certaines communes à Bruxelles et en Wallonie sont de nature à renforcer ce sentiment. Comme à Rochefort, Nivelles, Wavre ou Tubize, où le jeu des coalitions –tout démocratique qu’il soit– relègue dans l’opposition des listes ayant remporté la majorité. Comme à Ixelles, où un maïeur annoncé vainqueur du scrutin se voit finalement contraint de renoncer à son poste. Comme dans toutes ces communes où le credo de l’axe MR-Les Engagés («Notre volonté est de gouverner ensemble à tous les niveaux de pouvoir») martelé depuis juin se traduit par «il faut tenir compte des spécificités locales» dès que la participation au pouvoir intervient dans l’équation.

D’autant que les différences de processus entre les niveaux de pouvoir ajoutent de la confusion à la confusion. Pourquoi la règle valable au fédéral et selon laquelle le gagnant du scrutin prend la main sur les négociations ne vaut-elle pas à l’échelon local? Acter ce droit d’initiative au niveau communal permettrait en effet de donner la main au gagnant du scrutin –et donc au projet politique ayant recueilli le plus de suffrages. A charge pour lui de tenter de réunir suffisamment de volontés pour s’unir autour d’un projet commun pour l’entité à gérer. Et, par là, de faire reculer le sentiment du «de toute façon, ils s’arrangent entre eux» qu’une alliance nouée à la va-vite dans l’arrière-salle d’un bistrot ne fait que renforcer.

L’apathie électorale traduit l’expression du citoyen sceptique tant de sa capacité à appréhender les enjeux d’un scrutin que du fait d’être entendu.

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