Anne-Sophie Bailly
A Bruxelles, on se penche sur le budget: 3 raisons de s’en réjouir
Ce n’est qu’un premier pas. Tout le monde le dit. Mais, on se penche enfin sur le budget à Bruxelles. Trois raisons de s’en réjouir.
C’est un tout petit pas, mais un pas quand même. Surtout, c’est le premier franchi depuis les élections de juin dernier. Les représentants de sept partis politiques –MR, PS, Les Engagés, Groen, Vooruit, Open VLD et CD&V– ont chargé le ministre sortant des Finances, le libéral flamand Sven Gatz, d’établir un projet de budget pour l’année en cours pour la Région bruxelloise, avec l’idée d’ensuite obtenir une majorité parlementaire pour le voter.
Cette première foulée comporte avant tout une dimension financière, évidemment. Enfin, une initiative est prise pour tenter de s’attaquer au dérapage budgétaire bruxellois, sortir la Région de l’intenable mécanisme des douzièmes provisoires et éloigner le spectre d’une dégradation de sa note financière.
C’est la première fois que sept partis s’accordent sur une initiative qui concerne la Région bruxelloise au premier chef.
Mais ce premier pas revêt également une portée symbolique. Car c’est aussi la première fois que ces sept représentants s’accordent sur une action qui concerne la Région au premier chef et dépassent un blocage, fruit d’enjeux situés à d’autres niveaux. Comme le veto à une coalition avec la N-VA, qui reflète l’opposition dure du PS au fédéral. Comme le conflit de loyauté à l’égard de son partenaire au fédéral qui incite le MR à jouer la montre et à monnayer chèrement sa participation à un gouvernement sans la N-VA. Comme la tentative de redorer le blason d’une formation en souffrance qui motive l’Open VLD à se repositionner à droite sur l’échiquier politique –et son représentant bruxellois à occuper la scène médiatique pour briguer la présidence du parti. Comme l’exaspération des partis flamands devant l’interventionnisme du PS dans la composition du collège néerlandophone qui exprime les enjeux autour de la préservation des intérêts néerlandophones dans la capitale.
Politiquement, la séquence sera aussi particulièrement instructive.
D’abord, car l’état des finances bruxelloises nécessite un plan d’assainissement qui devra obligatoirement comporter des arbitrages. Quels investissements seront retardés ou annulés? Quelles économies seront actées? Quels subsides seront supprimés? Quelles recettes seront trouvées? Sven Gatz, qui n’a jamais caché son mécontentement à propos du manque de rigueur budgétaire de ses anciens partenaires, est aujourd’hui à la manœuvre. A charge pour lui d’imprimer sa couleur à ce projet de budget tout en gardant à bord les autres formations politiques.
Ensuite, parce qu’elle obligera l’Open VLD –actuel valet noir des négociations– à mouiller son maillot.
Tous les négociateurs l’ont souligné. Ce premier pas existe mais n’engage à rien. A aucune coalition, ni même à aucune esquisse de discussions à cet égard. D’ailleurs, établir un cadre budgétaire dans lequel inscrire une action politique n’est pas la chose la plus naturelle qui soit dans la formation d’un gouvernement. Cela étant, cette technique, d’avancer autant que possible sur le fond, de conclure des accords, de trouver un dénominateur commun, ressemble à s’y méprendre à la méthode utilisée par Bart De Wever pour former l’Arizona. Elle a pris du temps, mais elle a abouti. Un pas après l’autre.
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