Gérald Papy
Démission de Boris Johnson: enfin ! (opinion)
La décision du futur ex-premier ministre britannique rassure : le mensonge ne paye pas (ou ne paye plus). Mais que la prise de conscience des dirigeants du Parti conservateur fut lente… Ils risquent de regretter ces atermoiements.
La démission de Boris Johnson de sa fonction de chef du Parti conservateur britannique, qui entraîne celle de son poste de premier ministre, a quelque chose de rassurant : le mensonge ne paye pas. Mais que la prise de conscience par les ministres de son gouvernement et les députés tories de sa majorité de la nécessité à “tirer la prise” fut longue et laborieuse…
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Il aura fallu une dernière bourde du chef de gouvernement britannique pour que la fin de la récréation, après le scandale des soirées alcoolisées du 10 Downing street en pleine pandémie alors que les Britanniques étaient soumis à un strict confinement, soit sifflée, d’abord par ses ministres des Finances et de la Santé. Nommer comme “intendant” chargé de faire respecter la discipline de vote des députés conservateurs un personnage accusé d’attouchements sexuels, prétendre qu’il ignorait les faits, et puis reconnaître qu’il en était informé, aura été le scandale de trop pour Boris Johnson.
Une nouvelle fois, cette affaire met en lumière la gestion à mille lieues des réalités et le sentiment d’impunité de certains dirigeants. La position de fragilité extrême dans laquelle Boris Johnson se trouvait déjà depuis le Partygate n’aura pas suffi à l’empêcher d’agir à sa guise. Inconscience, habitude de la manipulation, croyance excessive en son insubmersibilité ? On se perd en conjectures pour expliquer le comportement du chef de l’exécutif britannique.
Décidément, les ambitions internationales des dirigeants européens de poids se conjuguent difficilement avec la gestion harmonieuse des politiques nationales
Gérald Papy
Boris Johnson s’en trouve complètement démonétisé. Sa tentative de s’accrocher au poste de premier ministre jusqu’en octobre n’a pas résisté à la fureur des dirigeants du Parti conservateur. Ils ont lancé immédiatement la campagne pour sa succession à la tête du parti. Les temps incertains imposent, il est vrai, une reprise en main rapide de la direction de l’exécutif : le litige avec l’Union européenne sur le protocole nord-irlandais dans le cadre de l’application de l’accord du Brexit, la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires et ses conséquences, la guerre en Ukraine exigent une capacité de décision directement opérationnelle.
Décidément, les ambitions internationales des dirigeants européens de poids se conjuguent difficilement avec la gestion harmonieuse des politiques nationales. Emmanuel Macron est mis en difficulté par le rétrécissement de la marge de manoeuvre de son gouvernement après la perte de sa majorité absolue après les élections législatives. Boris Johnson est contraint de renoncer à gérer les affaires du Royaume-Uni après avoir perdu la confiance de ses amis politiques. Le premier ambitionnait d’être le médiateur en chef du conflit entre la Russie et l’Ukraine. La politique ukrainienne du second prenait des accents à la Winston Churchill, sauveur de l’Europe libre. L’un et l’autre ont sans doute négligé les préoccupations de leurs concitoyens et de leurs partenaires politiques. Sur ce plan, c’est le moins flamboyant sur la scène internationale, l’Allemand Olaf Scholz, qui, incontestablement, s’en sort le mieux.
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