Nicolas De Decker

Tout oppose le PTB et le MR, et ça les arrange. Mais parfois ils se ressemblent

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Le PTB et le MR sont les partis politiques les plus éloignés de Belgique francophone. Pourtant, ils partagent certaines caractéristiques.

Par l’âge, il y a le plus neuf parti de nos parlements et le plus vieux parti de notre continent. Par le programme, il y en a un qui est pour l’impôt sur la fortune et l’autre qui est contre les fortunes en impôts. Par la sociologie, l’un fait voter les électeurs qui pensent qu’ils n’ont rien, l’autre fait voter les électeurs qui veulent garder quelque chose. Par la discipline, il y en a un avec des matérialistes convaincus du vice que portent les richesses individuelles, et un autre avec des individualistes persuadés des vertus que brasse la richesse matérielle. Par l’idéal, l’un est communiste, c’est le PTB, et l’autre est libéral, c’est le MR.

Tout oppose le MR et le PTB.

Et ça les arrange, car en Belgique francophone, la dynamique médiatique tourne ces temps-ci entre ces deux pôles. Le MR est le parti le plus à droite et se flatte d’être désigné comme adversaire principal par le parti le plus à gauche, tandis que le PTB, le parti le plus à gauche, s’honore de se faire désigner comme adversaire principal par le parti le plus à droite.

Tout les oppose symétriquement et ça les arrange, parce que cette bipolarisation semble rendre inutiles ceux qui se trouvent entre les deux, et que le seul vote utile pour éviter l’un est celui pour l’autre, et vice versa.

Tout les oppose, ça arrange le MR et le PTB, mais parce que cette opposition les arrange, ils finissent par partager quelque chose.

Car, par la vision du monde, ils disent chacun représenter un peuple abusé par des élites déconnectées. Et parce qu’ils doivent pour cela convaincre ceux qui se ressentent comme des victimes, ils s’accusent chacun de décider de tout aux dépens de tous ceux qu’ils défendent: le MR dit que tous les partis sont de gauche, et que c’est la faute du PTB si le PS et Ecolo, et même DéFI et Les Engagés, sont de gauche et qu’ils ne peuvent rien faire de bien avec eux ; le PTB dit que tous les partis sont de droite, que c’est la faute du MR si DéFI et Les Engagés, et même le PS et Ecolo, ne sont pas de gauche et qu’ils ne peuvent rien faire de bien avec eux.

Donc, parce que ça les arrange et qu’ils finissent par se ressembler un peu, ils disent chacun à leur manière qu’il faut voter pour eux, c’est normal, mais que gouverner ne sert à rien, et ça, c’est moins ordinaire.

Le PTB n’est pas au pouvoir dans les communes, n’exerce aucune responsabilité dans les Régions, et n’en embrassera jamais au fédéral, mais il fait croire que quand ça va bien, c’est grâce à lui alors qu’il est dans l’opposition partout et sans doute pour toujours, comme quand le gouvernement fédéral, dont il dénonce l’inutilité depuis des années, refinance un peu les soins de santé.

Le MR est au pouvoir dans les communes, exerce des responsabilités dans les Régions et Communautés, et les a embrassées au fédéral depuis 1999, mais il fait croire que quand ça va mal, c’est à cause des autres alors qu’il est au pouvoir à peu près partout et presque depuis toujours, comme quand l’économie wallonne, dont il détient tous les leviers depuis sept ans, va mal.

Tout les oppose, rien ne les rassemble et ça les arrange. Mais parfois, le MR et le PTB se ressemblent.

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