Nous sommes devenus bien frileux. La douceur des derniers hivers nous a fait oublier qu’hiver rime avec neige et températures négatives.
A tel point que le regain de froid de ces derniers jours est devenu le sujet des médias, à peine clos celui des festivités de fin d’année. Prévisions de 0 à – 9 °C accompagnées de fortes chutes de neige, jusqu’à 25 centimètres à l’est du pays. Plan hivernal, ressources énergétiques qui risquent de manquer, appels à la prudence, annulation de sessions d’examens… Et d’un autre côté, le discours omniprésent sur le réchauffement global: inondations, sécheresses, fonte des glaces.
Dans d’autres pays, d’autres continents, la situation est loin d’être enviable. En Afrique de l’Est où je me suis rendu récemment, les modifications des saisons entraînent des inondations récurrentes. Et dernièrement, nous avons connu les mêmes phénomènes dans le nord de la France et la Belgique. Au Brésil, les records de température à Rio de Janeiro, en novembre 2023, ont été largement battus: 58,5 °C.
Dans mes premières années en Belgique, il y a près de quarante ans, les saisons étaient encore distinctes les unes des autres. En hiver, la neige était omniprésente. Ces dernières années, les records de températures moyennes enregistrés n’arrêtent pas de s’élever. Tous les experts s’accordent sur la réalité du dérèglement climatique. Ils demandent aux Etats de prendre des mesures concrètes pour atténuer les implications de leurs industries sur l’écosystème et promouvoir des pratiques durables afin de ralentir cette hausse. Cela implique la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le passage à des sources d’énergie durables, respectueuses de l’environnement.
Si tous prônent la disparition des énergies fossiles, chacun veut qu’elle soit très progressive.
Pour en savoir plus, j’ai consulté les résultats de la dernière COP pour le climat, qui a réuni à Dubaï presque tous les pays du monde, signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992. Certains Etats membres réunis autour de l’enjeu climatique sont tellement éloignés non seulement géographiquement mais aussi sur le plan du développement économique…: comment alors concilier les intérêts et les agendas des uns et des autres? Au début de 2025, les pays devraient fournir de nouvelles contributions et prendre des engagements pour nous permettre de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. Mais il est encore difficile pour la plupart d’entre eux d’accepter une perte de leurs recettes, dont le pays organisateur de cette 28e Conférence des parties – les Emirats arabes unis – qui tire la majorité de ses revenus de la vente de pétrole.
Si l’on ne peut nier les efforts que font certains pays pour financer le passage aux énergies renouvelables, les adaptations industrielles nécessaires ne sont pas encore suffisantes. Si tous prônent la disparition des énergies fossiles, chacun veut qu’elle soit très progressive pour réduire au maximum les effets sur son économie. Beaucoup se tournent à nouveau vers le nucléaire. La Belgique vient d’ailleurs de prolonger une partie de ses réacteurs jusqu’en 2036. En clôture de la COP 28, le secrétaire exécutif d’ONU Climat, Simon Stiell, s’est adressé aux citoyens ordinaires qui, partout dans le monde, font entendre leur voix en faveur du changement. Il nous dit qu’il sera toujours à nos côtés. J’espère que ce ne sera pas uniquement pour constater les dégâts et que nous connaîtrons encore d’autres hivers blancs.
Joseph Ndwaniye est infirmier et écrivain.
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