Nicolas De Decker
Quand le front socio-économique lâche, il faut attaquer sur le front socio-culturel: pourquoi l’Arizona attaque sur l’immigration et les maisons au Maroc des allocataires
L’Arizona est confronté à des difficultés sur le front socio-économique. Ses partis ont tout intérêt à attaquer, à droite, sur les questions d’immigration. D’où les sorties récentes sur les maisons au Maroc des allocataires sociaux.
Comme la politique aujourd’hui est la continuation de la guerre par d’autres moyens, les vainqueurs belges ont vaincu sur deux fronts, le 9 juin. La droite victorieuse était à l’offensive sur le socio-économique, il fallait revaloriser le travail, et sur le socio-culturel, il fallait faire barrage au «wokisme». Les deux récits, alignés sur le bon sens du vent dominant, ont mobilisé la révolte de ceux, Flamands, Wallons, Bruxellois qui, gouvernés par la droite depuis des décennies, tiennent la gauche pour responsable de leur mauvaise situation matérielle, ainsi que de leur insécurité culturelle et donc, de toutes leurs colères.
Les deux fronts sont toujours ouverts, mais il y en a un qui, comme dirait Gramsci, se caractérise par une guerre de position, et l’autre par une guerre de mouvement.
Sur le socio-économique, les tranchées sont creusées tout le long d’une ligne qui va de l’Arizona fédéral à l’Azur régional. Les gouvernements et les partis qui les composent devront tenir leurs positions dans les années qui viennent. Ils ont déjà concédé de petits replis, comme sur le malus pension ou sur le statut d’artiste. Les mesures prises pour revaloriser le travail consistant principalement en des dispositifs dévalorisant le non- travail, les recrues les moins enthousiastes de leurs électorats pourraient aisément se sentir flouées.
Leur «révolution du travail», comme dit le dernier réduit d’éditorialistes encore convaincus, ne rendra pas les salariés modestes plus riches, tout au plus les pauvres en deviendront moins riches, et déjà ici le combat matériel, pour le travailleur, se mue en consolation symbolique.
D’un côté, les Engagés disent que c’est parce que les alliés ne les ont pas laissés appliquer tout leur programme, qui promettait 450 euros d’augmentation du salaire net, sinon on aurait vu ce qu’on aurait vu. De l’autre, le MR dit qu’il n’a jamais dit qu’il allait augmenter le salaire des travailleurs, on l’a mal compris, mais son programme engageait lui aussi à plusieurs centaines d’euros de hausses du net.
Puisque la bataille des salaires parait déjà perdue, l’attaque contre les allocataires reste la meilleure défense.
Dans les deux cas, ils sont sur la défensive et la bataille des salaires paraît perdue. Mais puisque la bataille des salaires paraît déjà perdue, l’attaque contre les allocataires reste leur meilleure défense. Encore faut-il déterminer quels allocataires il vaut mieux cibler.
Car sur le front économique, les majorités, de droite, camperont désormais sur leurs assises, tandis que sur l’autre, elles veilleront à lancer plusieurs offensives culturelles contre le «wokisme», l’islamo-gauchisme, l’immigrationnisme, le transgenrisme, et plus généralement contre la gauche laxiste.
La sortie, sur RTL, de Georges-Louis Bouchez contre le scandale des allocataires qui posséderaient une maison «au Maroc par exemple», témoigne de cette tactique parfaitement imparable, entre la contre-attaque et la diversion. A la jonction de deux fronts, au déplacement de l’économique vers le symbolique, de la question sociale aux sujets culturels, l’habile président réformateur laisse tomber là une bombe politique, matériellement insignifiante mais culturellement pleine de charge offensive, donc électoralement bourrée de sens.
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