Nicolas De Decker
« Plait-il? »: A quoi ressemblerait Emile, l’intelligence artificielle du PS
Et si, pour copier le MR et son logiciel Victor, le Parti socialiste se fiait lui aussi à l’intelligence artificielle pour répondre aux questions sur son programme, sa doctrine et ses réalisations?
Le PS ne pouvait rester sans réagir au grand succès du logiciel libéral Victor. Alors il a bricolé le socialiste Emile. Mais Emile n’est pas encore mis en ligne: Le Vif l’a piraté. Victor, ainsi baptisé en hommage à Victor de Laveleye, est présenté par le président Georges-Louis Bouchez, comme une première européenne en matière d’intelligence artificielle et de programmes politiques.
C’est un robot parleur qui, sur mr.be/chat/ répond à toutes nos questions sur le MR. Il sait tout faire, composer un poème à la gloire du président, faire croire qu’il est bilingue, expliquer que le MR exige une réforme fiscale à l’échelon fédéral, décrire l’attachement du chien Liloo à «l’amélioration des droits sociaux par l’automatisation», et même présenter le wokisme comme un idéal libéral parce que les deux «placent l’être humain au cœur de la politique». Quand il ne sait pas, ça arrive, Victor répond modestement qu’il vaut mieux contacter un membre du MR, par téléphone ou e-mail.
Le prototype d’intelligence artificielle du PS
Emile, ainsi baptisé en hommage à Emile Vandervelde, fonctionnera selon le même principe, et devra égaler son excellence. Le Vif a pu hacker le centre névralgique du PS, boulevard de l’Empereur, et tester le code d’Emile. Il en serait, selon nos informations, aux derniers réglages avant sa révolutionnaire arrivée sur le marché de la controverse doctrinale. Emile en est au fine tuning, comme on dit quand on redéploie la Wallonie depuis quarante ans.
Il y a juste quelques petits machins à régler pour qu’Emile atteigne l’excellence de Victor. C’est du moins ce que révèlent les tests opérés clandestinement par Le Vif. D’abord, son logiciel de reconnaissance vocale, Acouphenor, ne comprend toujours pas toutes les questions soumises oralement quand on appuie sur la touche micro pour les enregistrer.
Les couacs qui empêchent pour l’instant Emile d’égaler Victor
A chaque fois, il répond «plaît-il?» d’une voix métallique, après un petit claquement de langue qui couperait Emile d’un public misophone qui a lui aussi le droit de s’intéresser à la politique, et dont chaque voix comptera au soir du 9 juin.
Mais ce n’est pas le plus gros obstacle technique qui empêche encore le lancement opérationnel d’Emile.
Il y a un autre gros bug, c’est très dirimant.
Même quand on tape la question dans la petite case qui dit «écrivez votre question ici», il y a des problèmes.
Et notamment:
Lorsqu’on écrit «Le PS est-il favorable ou défavorable à la pension à 65 ans?» ,
Si on demande si Paul Magnette est pour ou contre la régionalisation de l’enseignement,
Quand on veut savoir pourquoi la pauvreté est plus élevée en Wallonie, où les gouvernements régionaux sont plutôt de gauche, qu’en Flandre, où les gouvernements régionaux sont plutôt de droite,
Si on tape «Pourquoi les inégalités sont plus fortes en Wallonie, dont les gouvernements sont plutôt de gauche, qu’en Flandre, où les gouvernements sont plutôt de droite?»,
Quand on soumet «Pourquoi les cabinets des ministres et les assistants des parlementaires sont-ils beaucoup plus nombreux en Wallonie, une région moins peuplée, qu’en Flandre, une région plus peuplée?»,
Si on lui dit que les Wallons qui votent à gauche sont en moins bonne santé que les Flamands qui votent à droite,
Entre autres.
Eh ben, Emile il répond toujours «plaît-il?», et c’est sans doute pour ça qu’il n’est toujours pas en ligne.
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