Juliette Debruxelles
« Piquer la culotte qu’elle a portée constitue un trésor » (chronique)
Tous les goûts sont dans la nature, et toutes les odeurs aussi. Tant mieux, parce qu’en matière de sexualité et d’effluves intimes, c’est pareil. Les fétichistes de la petite culotte déjà portée ne diront pas le contraire.
Quelle odeur devrait avoir un sexe? Le sujet préoccupe et les conversations virtuelles s’animent lorsqu’il est question de la diversité de senteurs émanant des parties génitales. La réponse collective commune: «le propre »! Sauf qu’un corps sans odeurs n’est pas un corps et que la fonction olfactive joue un rôle essentiel dans la sexualité.
«La bipédie [de l’homme] a fait perdre à ses narines le contact avec le sol, avec les organes génitaux de ses congénères. Son flair a perdu de son acuité, au profit de la vision et de l’ouïe […]. Pourtant, le nez est resté le point le plus saillant du visage, et les centres olfactifs n’ont pas abandonné leur situation fondamentale, à la base de l’organisation nerveuse encéphalique… (La Fonction érotique, par Gérard Zwang, Robert Laffont, 1978).
Dégoût ou excitation intense?
Au fond, nous sommes des bêtes, voyez-vous. Au fil des évolutions sociales et marketing, les odeurs naturelles (hors signe d’infections aux fragrances anormalement fortes ou écœurantes qui, si elles ne disparaissent pas après une douche, nécessitent de consulter) ont, tout comme les poils, été progressivement associées à la saleté.
Au point de devenir obsessionnelles et d’entraîner – à chaque bout de la chaîne des extrêmes – un dégoût profond ou une excitation intense. Entre celles et ceux qui exigent que la zone intime fleure bon le gel douche au parfum synthétique et les autres qui ne jurent que par les entrejambes suintants, les adeptes du respect de leur anatomie et d’une hygiène raisonnable se perdent.
La culotte sous-vide
Les olfactophiles et les accros au «no perfume» réunissent celles et ceux qui se qualifient sur les applis de rencontre de «petits cochons aimant renifler les chattes transpirantes ou prépuces bien collants». Certains associent l’absence d’hygiène à un retour aux fondamentaux: la virilité testostéronée d’un guerrier, la maladresse négligente de la petite fille sale.
Nos zones génitales sont des usines à produire des phéromones, présentes dans la transpiration, l’urine ou les sécrétions. Les mêmes phéromones qui embaument les sous-vêtements. Ces mêmes culottes qui, une fois enfermées dans des sachets sous vide, peuvent être envoyées à des fétichistes qui s’en délecteront.
Piquer la culotte qu’elle a portée constitue un trésor.
Au Japon, on appelle ça le burusera (qui ne se limite pas à l’attirance pour les culottes sales, mais aussi aux uniformes scolaires…). Chez nous, il est possible de vendre et d’acheter des sous-vêtements portés sur des sites dédiés ou après prise de contact sur Mym ou OnlyFans. Et de lister ses préférences: avec ou sans traces, odeur marine ou forestière, niveau de saleté, avec ou sans option gouttes d’urine…
La culotte de la pote
Les sites de «Maîtresse ceci ou cela» proposent de la lingerie pas nette (culottes, chaussettes) pour une trentaine d’euros. Toujours mieux, sans doute, que le pote profitant d’une soirée pour fouiller le bac à linge sale de ses amis pour y voler le précieux butin.
Une (mauvaise) habitude méconnue et pourtant très répandue. John-John fantasme sur la femme de son meilleur copain? Piquer la culotte qu’elle a portée pendant sa journée de boulot constitue un trésor. De même, renifler le slip de sport de son ami d’enfance peut procurer des frissons d’aisance. A retenir, donc: faites toujours bien votre lessive avant de recevoir vos convives…
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