Nicolas De Decker
Master en médecine à l’UMons: les 150 000 euros d’argent public les plus importants de toute l’histoire du monde
Le montant sur lequel les majorités en Région wallonne et en Fédération Wallonie-Bruxelles ont failli tomber, auquel aurait eu droit l’UMons pour organiser son master en médecine compte pour 0,15% du budget annuel de l’UMons…
Une loi fort triste et très révélatrice de la politique expose que l’attention portée à l’efficacité dans le débours d’argent public ne correspond jamais à une attention portée à l’efficacité dans le débours d’argent public et toujours à l’intérêt de celui qui porte l’attention. Le prouvent encore les 150 000 euros de surcoût annuel qu’aurait provoqué, pour les caisses percées de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’organisation d’un master en médecine à l’UMons: ils ont davantage écrasé le débat francophone que le plus contondant milliard de toute l’histoire des banqueroutes.
Ils représentent, à coup sûr, une belle somme d’argent public, de ces deniers qu’il faut à tout prix éviter de gaspiller, de saupoudrer, d’arroser, de distribuer aux copains et surtout aux camarades ; on se comprend hein, he he he, en plus là-bas dans le Hainaut, il pleut du pognon avec nos impôts. C’est énorme, c’est vrai, 150 000 euros d’argent public.
Surtout pour installer une habilitation dans une province de 1,4 million d’habitants qui, cette année, disposait déjà de 495 habilitations pour ouvrir un cursus dans l’enseignement supérieur.
Surtout quand on sait que la province de Liège, qui compte tout de même 1,1 million d’habitants, n’héberge, elle, qu’à peine 525 habilitations.
Et surtout quand on apprend que la Région de Bruxelles-Capitale, qui dénombre pas moins de 1,2 million d’habitants, ne peut leur offrir que 919 formations supérieures.
Il fallait enfin tendre à une allocation des ressources plus conforme aux besoins des populations concernées.
Il était temps que la bonne gestion triomphe, et c’est une belle fierté pour une classe politique francophone en perte de légitimité d’avoir empêché cet intolérable gaspillage d’argent public.
On a évité le pire, quand on y songe.
Quand on sait qu’avec ces 150 000 euros d’argent public, on a de quoi rétribuer pendant toute une année académique à son salaire actuel un président de parti qui trouve que c’était vraiment trop d’argent public pour former des médecins.
Et qu’avec ces 150 000 euros d’argent public on a de quoi payer à son parti un an et demi de pub sur les réseaux sociaux au rythme auquel ils y investissent plutôt que d’encadrer des étudiants.
Et que ces 150 000 euros d’argent public représentent tout de même pas moins de 0,00015% du budget annuel de l’enseignement universitaire alors que le gouvernement qui vote ce budget donnera bientôt 2,4 millions d’euros à l’UCL pour l’inciter à lancer un bachelier en droit à Charleroi, parce qu’un bachelier en droit, on n’en trouve nulle part, pas comme un master un médecine.
Et qu’avec ces 150 000 euros d’argent public plutôt investis chaque année dans la gare de Mons, elle serait terminée en pas moins de 2213 ans.
Et qu’avec ces 150 000 euros d’argent public on peut payer presque trois quarts des subventions annuelles que reçoit de la FWB un centre d’études pour dire qu’on reçoit trop de subventions dans ce pays, et qu’on n’atteint même pas le tiers du financement ponctuel accordé à une chaîne de télévision privée où l’on déplore qu’on finance beaucoup trop de trucs inutiles dans ce pays.
Des trucs inutiles comme des gens qui veulent apprendre à en soigner d’autres, par exemple. Surtout s’ils sont Hennnuyers.
Nicolas De Decker est journaliste au Vif.
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