Les si accessibles étoiles
On en imagine ce qu’on veut, on a le droit. Que ce sont des phares, des anges gardiens, des perles semées dans le néant, des rappels de notre immense petitesse, les âmes disparues, des sortes de Minions parce qu’elles chantent sûrement, peut-être même comme des sirènes, et qu’elles doivent rire aussi par moments. Elles sont si loin, si radieuses, avec de si jolis noms quand elles forment une équipe qu’on les scrute encore et encore, pas comme depuis un poste-frontière mais comme on attend que la mer surgisse au bout de la route en virages. Le Centre de culture scientifique de l’ULB, à Couillet, nous emmène danser avec elles, le 8 octobre, dès 14 heures, enfants bienvenus au bal. Mais si on prête l’oreille et qu’on ouvre le bon œil, on réalise qu’il en éclot partout, de ces astres à la nature céleste. Pas toujours besoin de télescope pour contempler leur éclat. D’autant plus précieux que l’époque a la mine chagrine, le verbe braillard et l’haleine de chacal.
Des constellations irradient tout autour de nous, gracieuses éclaircies entre les nuages noirs. Donnant à notre sol, si malmené, des goûts de ciel.
Des constellations irradient ainsi, soudain, dans ce train de fin de journée avec navetteurs éteints et écrans allumés, quand une maman raconte que sa petite a pris les cartes de visite paternelles et les a distribuées en classe disant que c’était pour sa fête d’anniversaire, samedi, et que depuis, Olivier, le papa on imagine, reçoit appel sur appel des autres parents pour savoir à quelle heure et quoi comme cadeau. Sauf que l’annif est au printemps et que rien n’était prévu ce week-end. On n’a pas su si Olivier s’excusait pour ce malentendu ou si, élégant, il avait fixé disons 15 heures, et pour le cadeau plutôt ça. Mais le toupet de la gamine scintillait dans tout le wagon.
Des constellations irradient depuis ces femmes, cheveux au vent, comme on fait d’une bannière, et foulard à la main, comme on fait d’une fronde, en Iran. Leur folle bravoure à réclamer l’air libre illumine jusqu’à nos propres ténèbres.
Des constellations irradient sur Twitter, entre les saillies matamoresques, venimeuses ou d’autoglorification, comme avec le compte Café Littéraire (@C_litteraire) et ses photos des plus belles librairies du monde. Elles sont à s’y ruer sur-le-champ, comme on voudrait parfois entrer dans des tableaux ou des romans pour y poser valises et armure.
Des constellations irradient autour de Roger Federer, milliardaire et quadra, la main dans celle de Rafael Nadal, ami et rival, tous deux en larmes sur le bord du court parce que le Suisse a fini sa carrière, comme les enfants pleurent à la foire parce que maintenant, on rentre à la maison, allez.
Des constellations irradient parce que des collectifs citoyens sauvent des bouts de terrain, alors qu’on disait que c’était perdu d’avance. Qu’on entend du piano, tous les soirs, depuis quelques maisons plus loin. Que les gens peuvent être touchants, quand ils créent, résistent, gagnent, perdent ou simplement vibrent.
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