vasectomie
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Le nombre de vasectomies a augmenté de plus de 25% en Belgique

Juliette Debruxelles

Si la vasectomie est encore entourée de tabous, elle ne cesse de faire des adeptes. Un tournant qui a des conséquences sur l’ordre établi et les dynamiques relationnelles.

Comment une simple intervention chirurgicale bénigne peut-elle bouleverser tant d’équilibres séculaires et de chairs dressées? En Belgique, de plus en plus d’hommes choisissent de prendre en main la question de la contraception et ça, c’est un sale coup pour l’ordre établi. Si cette décision marque un tournant pour eux-mêmes, ce sont aussi les dynamiques relationnelles qui s’en trouvent modifiées. Entre libération mentale, redistribution des responsabilités, résistances et panique, la vasectomie ne secoue pas que les draps. Sans chercher bien loin, on trouve des témoignages empreints d’un sentiment de soulagement. En se libérant du risque de grossesse non désirée, la sexualité deviendrait plus «spontanée» et «sereine». L’intimité gagnerait en naturel, un facteur souvent négligé dans les débats sur la contraception.

Entre 2012 et 2022, les vasectomies ont bondi de 50%, selon l’Inami. Et de 27% entre 2021 et 2022 (soit 15.260 interventions pour cette seule année). Mais l’opération est encore entourée de tabous. Pourtant non, ce n’est pas une atteinte directe à la virilité ni une mutilation déguisée en tendance. Elle n’affecte ni la production de testostérone, ni la libido, ni la dureté, le volume et le goût. Mais la symbolique autour de la «puissance» masculine reste vivace et se cristallise souvent dans la capacité à procréer. Une appréhension parfaitement décrite dans l’étude «La Contraception masculine médicalisée» menée par les Pr. Nikos Kalampalikis et Fabrice Buschini: la peur de «casser la machine» ou de «compromettre la virilité» influence encore le choix de nombreux hommes. Pour certains, c’est tout bonnement une «castration par idéal féministe». Une bête idée partagée par ceux qui voient la contraception masculine comme une attaque contre le rôle dominant. On ne parle pourtant que d’un bobo infligé sous anesthésie locale et causant une gêne de seulement quelques jours. Loin de la grande trancheuse qui se cache dans certains imaginaires masculins. Une broutille pour des guerriers confondant parfois leur glaive avec leur zizi tant la chose leur semble imposante.

La peur de «casser la machine» influence encore le choix de nombreux hommes.

En vrai, derrière la crainte physique se planque un malaise plus symbolique lié aux changements sociétaux. Une forme de renoncement à la paternité et donc l’acceptation de l’extinction de sa petite personne. Certains mouvements masculinistes dénoncent même violemment la nouvelle pression sociale encourageant chacun à contrôler son jet de semence. Se posait-on ces questions quand, pour éviter de gâcher notre vie et celle d’un môme, on gobait une pilule d’hormones chaque jour pendant des années?

La possibilité de dissocier l’acte sexuel de l’acte procréatif offre tout simplement à chacun une nouvelle maîtrise de son destin. On ne se reproduit plus comme des lapins. Dans ce contexte, l’acte sexuel et le choix de la paternité deviennent conscients. Devenir daron est alors une décision qui peut être envisagée ou repoussée en fonction de son projet de vie. La descendance n’est plus dictée par le simple effet biologique du papa qui rentre dans la maman pour y mettre sa graine. Certains trouvent dans cette dissociation un épanouissement et une expression de leur volonté propre. D’autres ressentent une sorte de fracture symbolique, comme si l’on affaiblissait le lien sacré entre l’amour, la chair et la continuité de l’espèce. Sûr que, comme toute contraception, la vasectomie touche à l’essence même de notre humanité, en interrogeant notre rapport au désir, à l’autre, et à ce que nous voulons (ou non) transmettre. Mais elle ne touche pas à la grandeur sublime et conquérante du membre viril dans sa splendeur érectile et luisante. Promis.

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