Benjamin Hermann
Le lieu commun de Benjamin Hermann | Theo Francken n’est pas un imbécile, il peut changer d’avis
Dernièrement, Theo Francken faisait preuve d’une étonnant émerveillement face aux atouts wallons. Il n’aura plus qu’à chanter la Brabançonne et le nationaliste flamand aura définitivement viré sa cuti.
«C’est magnifique ici, je n’étais jamais venu.»
Un soleil resplendissant rayonnait sur la confluence de la Sambre et de la Meuse, en cette matinée d’hiver. Au cœur de la capitale wallonne, face à la célèbre citadelle, une réunion s’était tenue, dans ce petit château nommé Elysette. L’invité y appréciait la quiétude ambiante. On plaisantait, on s’échangeait des politesses, l’ambiance était décontractée.
Theo Francken s’est fort bien plu à Namur, entouré des autorités wallonnes, au siège du gouvernement régional. Oui, «le» Theo Francken, ministre de la Défense. Celui qui incarne l’aile dure de la N-VA, le parti nationaliste flamand.
Le Brabançon était de passage pour une réunion de travail avec ministre-président wallon, Adrien Dolimont (MR), et son collègue en charge de l’Economie, Pierre-Yves Jeholet (MR). Un accord de coopération est en préparation entre le fédéral et la Région wallonne, comme avec les deux autres Régions d’ailleurs. Il devrait être signé avant l’été. Il s’agit de se coordonner, à l’heure où la géopolitique internationale impose de mobiliser des moyens et solliciter son industrie. Cela tombe bien, la Wallonie dispose d’une industrie particulièrement à la pointe, ont rappelé les trois intervenants. Sur les deux milliards d’euros de chiffre d’affaires du secteur de l’armement en Belgique, 90% sont localisés dans le sud du pays.
«Le secteur représente 4.000 emplois directs et 10.000 emplois indirects», a même indiqué le ministre de l’Economie. «La Wallonie a une longueur d’avance.» On songe aux fleurons que sont la FN Herstal, John Cockerill Defense, Thales Belgium, Sonaca ou Safran.
Merveilleuse et dynamique Région, donc, qui se trouve à la pointe de l’industrie que le ministre de la Défense entend valoriser. Et qui pourrait tirer profit du réinvestissement fédéral. Il n’y a rien de communautaire, l’objectif consiste à faire face aux enjeux de défense qui s’imposent, a-t-il assuré.
Tant qu’à se lancer des fleurs, pourquoi ne pas le faire à l’adresse de la socialiste qui occupait le portefeuille de la Défense avant lui. «Je ne suis pas le plus grand fan de madame Dedonder», a indiqué Theo Francken. Ça, on le savait. «Mais ça, je dois dire que c’est une chose qu’elle a très bien faite», a-t-il ajouté en évoquant la mise en œuvre du Dirs, le conseil industriel de défense, organisme qui vise à développer une base industrielle et technologique en Belgique.
La fonction a-t-elle déjà à ce point transformé l’homme? On en sera convaincu lorsqu’il aura apaisé les inquiétudes du député fédéral François De Smet (DéFI), qui s’enquérait malicieusement de ses états d’âme, au début du mois. «Nous avons un ministre qui, depuis des années, ne cache pas son aversion pour sa nationalité belge, les cérémonies, les festivités et notamment celle du 21 Juillet. Tout à coup, le voilà exposé à un bain de belgitude. Il aura droit à la Brabançonne et à des drapeaux belges à peu près tous les jours. C’est presque une question de bien-être au travail. Je m’en fais pour lui.»
Puisque seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, on laissera à Theo Francken le soin d’arborer sa fibre belgicaine lors de la fête nationale. Là, il aura convaincu tout le monde, même les plus incrédules.
«Je m’inquiète pour lui car, tout à coup, le voilà exposé à un bain de belgitude.»
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