Benjamin Hermann
Le lieu commun de Benjamin Hermann | La démocratie, c’est comme les pandas
Qui oserait ne pas aimer les pandas? Les ursidés, un peu comme les chatons ou les chiots labradors, sont extrêmement mignons et on ferait tout pour les préserver. On se déplace même en masse dans les parcs zoologiques pour les admirer, tant on les affectionne.
Il en va de même pour la démocratie, comme pour la paix dans le monde, d’ailleurs. Les sondages qui abordent la question aboutissent tous à une conclusion similaire. Les Belges, qu’ils soient flamands, wallons, bruxellois, francophones, néerlandophones, germanophones, jeunes, vieux, hommes, femmes ou autre, de gauche, de droite ou du centre s’accordent, dans leur écrasante majorité, à déclarer leur attachement à la démocratie.
Cette observation s’est vérifiée à l’occasion du récent sondage mené par l’institut Kantar, dont Le Vif a dévoilé les grands enseignements.
En marge des intentions de vote, des sujets de préoccupation et du niveau de satisfaction accordé aux gouvernants, cette question de l’importance de la démocratie constitue un autre enseignement, rassurant. Lorsqu’il est demandé aux sondés dans quelle mesure il est important, pour eux, de vivre dans un pays gouverné démocratiquement, ils sont, à l’échelle de la Belgique, 85,7% à considérer que c’est très important ou plutôt important. Seuls 2,9% pensent l’inverse.
Dans le même temps, les Belges ne sont pas aussi nombreux à penser qu’ils vivent effectivement, à l’heure actuelle, dans un pays gouverné démocratiquement. Une certaine incertitude se fait sentir, tout d’abord: un quart des Belges considèrent que le régime n’est ni démocratique ni antidémocratique. Une petite moitié (46,3%) seulement estime que le pays est dirigé démocratiquement. Enfin, un dernier quart (24,5%) trouve que le pays est gouverné d’une manière non démocratique.
On aime la démocratie, on la désire, mais on estime qu’on n’y goûte pas suffisamment.
Au demeurant, pratiquement personne dans les sphères politiques ne considère que les institutions démocratiques fonctionnent de manière optimale. Notre démocratie est perfectible, le constat est largement partagé.
Il l’était déjà lors d’un précédent sondage, mené en octobre dernier par Le Vif et baptisé «La démocratie sous pression». A cette occasion, la question était posée un peu différemment, mais les répondants faisaient déjà savoir, dans leur majorité, qu’ils se sentaient plutôt en démocratie, mais qu’elle nécessitait des ajustements. Et une petite minorité réclamait la dictature ou un régime autoritaire.
Après ce constat de départ, cependant, tout reste à faire. Il faut s’accorder sur ce qu’on entend exactement par démocratie – la Corée du Nord se qualifie elle-même de «république populaire démocratique». Chercher à comprendre pourquoi, dans une population attachée à la démocratie, une part conséquente de celle-ci s’apprête à voter pour des candidats de formations populistes ou d’extrême droite. Imaginer par quelle formule salvatrice nos régimes parviendront à s’améliorer.
Des pistes sont évoquées, voire éprouvées: sursaut de transparence, assemblées citoyennes, référendums, technocratie, etc. Chaque système comporte ses avantages et inconvénients, et aucun ne recueille un sentiment massif. C’est du moins ce qui transparaissait, une fois encore, lors du précédent sondage.
On aime la démocratie, on la désire, on sent qu’elle est menacée, comme les pandas. Mais on ne sait trop que faire pour la préserver. On pourra difficilement payer pour l’admirer, elle, dans un enclos en quelque endroit de Wallonie.
Ce sondage a été commandé à l’institut Kantar par Le Vif, Knack, Trends, Trends-Tendances, De Zondag, De Krant van West-Vlaanderen et Canal Z. Il a été réalisé en ligne auprès de 2 681 Belges âgés de 18 ans et plus. Il concerne 1 077 Flamands, 1 004 Wallons et 600 Bruxellois. La marge d’erreur maximale est de 3,1 % en Flandre, 3,1 % en Wallonie et 4 % à Bruxelles.
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