Benjamin Hermann

Le lieu commun de Benjamin Hermann | Finances publiques wallonnes: surtout, ne paniquons pas

Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Les finances publiques wallonnes sont dans le rouge. Depuis son entrée en fonction, le gouvernement wallon dépeint la situation budgétaire de la Région comme étant catastrophique. Dès lors, pourquoi se montrer tellement rassurant lorsqu’il apparait que les mesures adoptées au fédéral coûteront fort cher au sud du pays?

Restez calmes. Surtout, ne paniquez pas.

Dans n’importe quelle production hollywoodienne, cette injonction donne lieu à l’inverse de l’effet recherché. Il y a une bombe, il faut évacuer, mais la foule entre dans un état de panique générale. On se piétine et tout le monde perd le contrôle.

Rien ne se produit de façon aussi cinématographique en terre wallonne, bien heureusement. Au contraire, on peut même observer qu’une série d’expressions un brin catastrophistes –ou parfaitement lucides, c’est selon– tendent plutôt à rassurer.

Les finances publiques wallonnes sont dans le rouge, le rouge foncé même, à tel point qu’il va falloir prendre des mesures un poil radicales –ou résolument courageuses, c’est selon– mais on est heureux que les problèmes soient enfin pris à bras-le-corps.

Indiscutablement, la coalition au pouvoir bénéficie d’une grande légitimité démocratique, puisque la moitié des électeurs ont voté soit pour le MR, soit pour Les Engagés en juin 2024. Les deux partis reposent sur une majorité confortable. Ils ont les coudées franches pour réformer.

Les finances sont mauvaises, c’est indiscutable également. Par conséquent, l’effort budgétaire consenti par la Région dès cette année est inédit, de l’ordre de 268 millions d’euros. «Nous aurions aimé avoir plein d’argent à distribuer. Mais nous devons être responsables, placer les ressources aux meilleurs endroits et s’assurer que les deniers publics soient bien utilisés», avançait Adrien Dolimont (MR) dans Le Vif du 19 décembre 2024.

Une série d’économies structurelles ont été engagées, dans la distribution des subventions, le fonctionnement du parlement de Wallonie, des administrations, dans la fonction publique, etc.

Quelques décisions retentissantes ont aussi été prises: un resserrage du plan de relance, la suppression des extensions du tram liégeois ou encore, récemment, un grand ménage dans le système des primes à la rénovation. Pour «enrayer le dérapage budgétaire» et «éteindre l’incendie», ont justifié Adrien Dolimont et Cécile Neven (MR), la ministre du Logement et de l’Energie. «A politique inchangée, la Wallonie devrait faire face à une facture de 674 millions d’euros d’ici à la fin 2025.» Pas le choix, donc.

Les calculs du ministre-président ont été rapides, après la mise en place d’un gouvernement fédéral. Les mesures de l’Arizona, sur la fiscalité essentiellement, «coûteront» 270 millions d’euros annuels à la Région wallonne. Ces conséquences se feront surtout sentir à partir de la fin de la législature, c’est vrai. Et les réformes annoncées auront eu le temps d’être déployées, avec des effets positifs attendus, c’est encore vrai. Mais ce manque à gagner, explique-t-on, doit être perçu comme une chance, une occasion à saisir pour fonctionner différemment. C’est presque une bonne nouvelle.

Il est difficile de ne pas percevoir une certaine dissonance entre les propos, lucides et graves d’un côté, rassurants de l’autre. Comme un enfant tiraillé entre des parents qui divergent, le Wallon peut ressentir un certain inconfort. Sa situation est-elle vraiment précaire? Quelle que soit la réponse, il lui conviendra d’impassiblement adopter cette ligne de conduite: rester calme et, surtout, ne pas paniquer.

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