Benjamin Hermann
Le lieu commun de Benjamin Hermann | Alors, les journalistes sont-ils de gauche ou de droite?
Des journalistes en politique, c’est courant. Mais tirer des conclusions sur les accointances de toute une profession, c’est une autre histoire.
Votre média est-il de gauche ou de droite? Et les rédactions dans leur ensemble? Les journalistes sont habitués à entendre ce questionnement, légitime au demeurant. Il l’est d’autant plus lorsque des journalistes s’engagent en politique. Nombreux sont ceux qui fournissent une réponse de Normand. Ça dépend, c’est plus compliqué que cela, le paysage est diversifié.
D’autres, fins observateurs ou responsables politiques, se montrent plus catégoriques. Les journalistes seraient acquis à la gauche, dans un paysage médiatique essentiellement teinté de rouge et de vert. Leurs opposants leur répondent tout aussi catégoriquement que, preuve s’il en est, nombre de journalistes qui franchissent le Rubicon s’engagent plutôt au centre-droit.
Qu’en est-il? En Belgique, les associations de journalistes professionnels publient tous les cinq ans les résultats d’une enquête baptisée «Portrait des journalistes belges» qui aborde la question de l’orientation politique. La dernière en date a été publiée en 2023. Le journaliste type est plutôt un homme, âgé de 45 à 50 ans, bien diplômé… et positionné au centre-gauche. Cette dernière observation ne différait pas fondamentalement des résultats précédents.
Les néerlandophones se disent un peu plus à gauche que les francophones, les jeunes un peu plus que les anciens, les femmes un peu plus que les hommes. Mais, observation intéressante, un journaliste sur deux se perçoit comme plus progressiste que le média pour lequel il travaille à titre principal. Et sept journalistes sur dix se perçoivent comme plus progressistes que le public de leur média. Dans leur majorité, aussi gauchistes soient-ils, les journalistes pourraient donc être en mesure de faire la part des choses entre des opinions personnelles, très probablement liées à leur sociologie, et leur activité professionnelle.
De la même manière, il semble que les journalistes ne se rangent pas nécessairement derrière les opinions des patrons de presse, pas tous réputés pour leur inclination marxiste. Cela s’appelle l’indépendance rédactionnelle. Diverses lignes éditoriales cohabitent, les opinions variant d’ailleurs à l’intérieur des rédactions.
Les partis, dans leur quête de sang neuf, s’en vont chercher des candidats au sein de la société civile. Parmi eux figurent des journalistes ou, plus généralement, des personnalités de l’audiovisuel, qui présentent – sans préjuger de leur sincérité – l’avantage non négligeable de porter un nom et un visage reconnaissables.
On serait plutôt à droite dans le secteur privé et à gauche au sein du service public. Quelques exemples du passé renforcent cette impression. Mais la photographie politique du moment nuance le tableau. Georges Gilkinet (Ecolo) et Ludivine Dedonder (PS) ont bien exercé une lointaine carrière médiatique, mais leur image n’y est pas vraiment associée. Laurence Zanchetta (PS) est, quant à elle, passée par le secteur privé, tandis que c’est au MR que l’on retrouve le plus d’anciens journalistes de l’audiovisuel parmi les mandataires, d’Olivier Maroy et Hadja Lahbib (ex-RTBF) à Florence Reuter et Michel De Maegd (ex-RTL).
On trouve de tout, même d’anciens animateurs du service public animés par des idées de droite et des journalistes de chaînes privées devenus communicants pour partis de gauche. L’affaire n’est pas si simple, à tel point que les réponses de Normand sont peut-être celles qui dépeignent le mieux la réalité.
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