Mélanie Geelkens
La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Vous n’êtes pas lesbienne? C’est bien dommage!
Les jeunes femmes sont de moins en moins hétérosexuelles: tel est l’enseignement d’une récente étude sur la sexualité des jeunes. La «faute» à MeToo (en partie). Et elles semblent s’en porter très bien.
Bon, pas de panique, les mâles: 81% des jeunes filles se définissent toujours comme hétérosexuelles. Mais, mais, mais, 19% s’identifient donc autrement. A commencer par bisexuelles (10%), pansexuelles (soit se sentir attirée par n’importe quel individu, quel que soit son sexe ou son genre; 5%), lesbiennes (2%) ou autres (dont asexuelles; 2%). Une spécificité féminine. Car selon l’étude Envie, réalisée en France auprès de plus de 10.000 personnes de moins de 30 ans et dont les résultats viennent d’être publiés dans l’ouvrage La Sexualité qui vient (La Découverte), seuls 8% des hommes ne se déclarent pas comme hétéros. Globalement, c’est une particularité générationnelle: selon une enquête similaire menée en 2006, ce pourcentage ne dépassait pas les 3%. En moins de deux décennies, la part des sexualités minoritaires a ainsi été multipliée par cinq.
Encore un coup de MeToo! En partie, du moins. D’une part, écrivent les chercheurs, l’acceptation sociale rend désormais les coming out plus aisés, moins jugés. D’autre part, «parmi les jeunes femmes plus particulièrement, les différents moments de dénonciation des violences sexistes et sexuelles depuis le début des années 2000 ont également contribué à questionner une évidence de l’hétérosexualité [et à la critiquer] comme système favorisant les rapports de domination et les violences des hommes sur les femmes, surtout dans les sphères intimes.»
En moins de deux décennies, la part des sexualités minoritaires a été multipliée par cinq.
Qui désirerait, au fond, s’accabler d’une charge mentale, plonger dans le fossé orgasmique, abandonner une bonne part de ses loisirs pour mieux consacrer le temps ainsi dégagé aux joies de la domesticité, tout en s’exposant à des risques accrus de violences? De moins en moins les demoiselles, apparemment. Ainsi, les lesbiennes vivent près de deux fois plus souvent seules que les hétérosexuelles (37% vs 20%). Les homo/bi/pansexuelles sont également moins souvent en couple (48/59/52% vs 62%). Peut-être ne font-elles ainsi que retarder ces joyeusetés jusqu’à la parentalité. Mais ça leur fait cependant quelques agréables années de liberté gagnées.
D’autant que la «solitude» leur pèse peu. «Elles adhèrent bien plus souvent à l’idée qu’on peut vivre heureux en restant célibataire» tout au long de l’existence, soulignent les auteurs. Par ailleurs, pour reprendre leur langage académique, les minorités sexuelles affichent des «représentations plus libérales des arrangements intimes». Traduction profane: elles semblent moins coincées et/ou plus olé olé (c’est selon).
Quelques exemples. En comparaison des hétérosexuelles, les plurisexuelles se déclarent systématiquement être davantage capables:
• d’être avec quelqu’un qui a eu beaucoup de partenaires sexuels;
• d’être en couple libre;
• d’avoir des pratiques sexuelles sans être amoureuse;
• de faire l’amour à plusieurs.
Dernier enseignement: «Chez les femmes, celles qui s’identifient à l’hétérosexualité se disent davantage plutôt féministes (46%) que tout à fait féministes (27%). Parmi les trois identifications minoritaires, non seulement l’adhésion au féminisme, quelle qu’en soit l’intensité, est bien supérieure, mais le fait de se dire tout à fait féministe est nettement plus fréquent.» Fallait-il vraiment le préciser?
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