Mélanie Geelkens
La sacrée paire de Mélanie Geelkens: tentative de compréhension de l’homme torse nu, ce beauf de l’été (chronique)
Festivals, guinguettes, mariages: l’homme torse nu était à nouveau partout, cet été. Mais si, vous voyez ? Ce type qui ne peut pas s’empêcher de danser à moitié à poil. Il paraît que c’est du narcissisme. C’est en tout cas un exemple flagrant de privilège masculin.
Il fut aperçu, cet été, dans de nombreux festivals, le godet de bière dégoulinant autant que la ceinture abdominale. Sa présence fut également repérée dans quelques guinguettes et bals de village, déboutonnant avec frénésie son polo dès les premières mesures des Démons de minuit (remix 2000). Il se glissa même parmi les invités de l’un ou l’autre mariage, faisant virevolter sa blanche chemise dans les airs alors qu’il n’était que 15 heures et que la foule était encore loin d’être en délire. L’effet du cava tiède.
Lui, c’est l’homme torse nu. Un spécimen fort répandu en toute occasion festive. A première vue, aussi irritant qu’une guêpe en plein mois de juillet 2022. Okay, fieu. On t’a vu: t’as deux tétons, un bide, un dos et tu transpires. Bravo, t’es un humain normalement constitué! Tellement pathétique qu’il finirait par susciter un élan de compassion. Pauvre gamin: cette propension à la demi-nudité doit masquer tant de profondes blessures narcissiques…
Etant donné la masse graisseuse variable dudit torse nu, ainsi que (parfois) les relents sudatoires libérés une fois le tee-shirt démonstrativement ôté, une tentative de séduction des femelles alentour ne peut décemment pas constituer une piste d’explication
Etant donné la masse graisseuse variable dudit torse nu, ainsi que (parfois) les relents sudatoires libérés une fois le tee-shirt démonstrativement ôté, une tentative de séduction des femelles alentour ne peut décemment pas constituer une piste d’explication. Certains adeptes de cette moitié de strip-tease aiment justifier leur effeuillage par l’humour: il paraît que des congénères trouvent ça marrant. Le comique de répétition, sans doute. Aussi éculé qu’une blague de Toto.
«Ce sont des hommes qui cherchent à s’imposer comme mâles alpha», décryptait – sans rire – le psycho- thérapeute anglais Jonathan Hoban, cité dans un article paru dans Vice en 2018. De fil en aiguille, déroulant la pelote explicative du narcissisme, ce psy en arrive à la conclusion que ces semi-naturistes festifs n’ ont pas reçu l’attention qu’ils auraient souhaitée durant leur enfance et essaient de compenser la confiance qu’ils n’ont pas à l’âge adulte par l’affichage de leur puissance physique. Très freudien.
Pauvres petits chats. Reste que les blessures d’ego ne sont pas l’apanage des hommes et qu’il est extrêmement rare qu’une femme expose son buste à une foule dansante. Sauf peut-être une Femen, mais il ne faudrait pas longtemps avant qu’elle se fasse sauvagement plaquer à terre. Sur le ventre, de préférence. Couvrez ce sein…
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Une fille qui veut visiter le Louvre peut se voir refuser l’entrée si son décolleté est jugé trop plongeant. Une starlette qui dévoile un sein en public (oups!) peut faire la Une de l’actualité durant des jours. Une Instagrammeuse qui laisse entrevoir un téton sur une publication peut être bannie du réseau social. Une marque de sport qui affiche 25 poitrines pour «célébrer» la diversité des corps peut être censurée. Mais, pendant ce temps-là, l’homme torse nu fait des pogos en festival, danse sur du Gilbert Montagné dans les bals et divertit oncle Robert au mariage de la cousine Henriette. En trouvant ça normal. La pudeur ne s’inculque encore trop souvent qu’aux petites filles.
L’homme torse nu résume toute la notion de privilèges masculins. Ceux que tant de messieurs nient encore posséder. Car lorsqu’il ôte insouciamment son marcel pour le faire virevolter comme un dératé, il n’a pas à se soucier des mains baladeuses, des réflexions salaces, des risques d’agression. Aucune femme ne l’emmerdera, il ne sera pas catalogué d’homme facile ni d’allumeur. Juste peut-être de beauf.
Un «nouveau» magazine féministe
Pour mettre en avant «les femmes agissantes, qui sont d’habitude en retrait dans l’information», un nouveau magazine vient de voir le jour: Femmes ici et ailleurs. Nouveau? Pas exactement. La publication existe depuis 2012 mais n’ était pas distribuée en librairie, ce qui est le cas depuis fin juillet. Avec un «premier» numéro consacré aux sportives de l’extrême.
81%
des 350 travailleuses ayant participé à un sondage sur le site d’emploi LiveCareer, dont les résultats ont été dévoilés le 17 août, estiment qu’avoir accès à un service abordable de garde d’enfants est un facteur important pour pouvoir faire carrière. En Wallonie, c’est loin d’être gagné… Seules deux communes (Lasnes et Ottignies-Louvain-la-Neuve) sur 262 proposent une offre de crèches couvrant les besoins réels sur leur territoire.
La fin des pubs sexistes à la télé?
Mi-juillet, le secteur audiovisuel belge adoptait un code «pour lutter contre le sexisme dans la publicité». Plus précisément, pour que «les messages passés et les images montrées dans les publicités ne propagent pas de stéréotypes genrés, négatifs sur les femmes», selon le CSA. Les éditeurs s’engagent ainsi, par exemple, à ne plus diffuser «des contenus représentant l’individu comme un objet sexuel ou une marchandise», ou encore «dévalorisant les habilités intellectuelles, physiques ou sociales de l’individu motivé par le genre auquel il est associé». Y a plus qu’à…
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