Mélanie Geelkens
La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Pourquoi les hommes vivent plus longtemps chez papa-maman
C’est une constante, dans toute l’Europe: les filles quittent le cocon familial plus tôt que les garçons. Et alors ? Alors, cette indépendance précoce fait partie des nombreux éléments qui font que les femmes restent toujours moins riches que les hommes.
Avec, en moyenne, 2 161,25 euros net par mois, l’homme lambda belge ne se torche pas les fesses avec des billets violets. On est bien d’accord. Mais il reste toutefois plus fortuné que la femme lambda belge avec ses 1 548,75 euros net mensuels. Elles sont très parlantes, les statistiques de Statbel: le «premier décile» – la proportion de la population aux revenus les moins élevés – est composé à 75,4% de dames et à 24,6% de messieurs. Alors qu’à l’opposé, dans le «dixième décile» (les mieux nantis, en résumé), c’est tout l’inverse: 29,1% de femmes, 70,9% d’hommes.
Bref, la richesse n’a de féminin que le nom. La faute à l’écart salarial, aux temps partiels, aux faibles rémunérations des métiers du care, au plafond de verre et au plancher collant. Mais aussi à toute une série de petits actes et décisions, a priori anodins mais qui, enfilés les uns après les autres, finissent par former un beau collier d’in€galit€s. Dans son dernier livre Le Couple et l’argent (L’Iconoclaste, 2022), la journaliste Titiou Lecoq les a disséqués, depuis l’argent de poche jusqu’à l’héritage (qui, oui, comporte aussi des aspects sexistes). «La femme fait des choix de vie qui lui paraissent logiques mais qui, au final, vont l’appauvrir. Sans qu’elle se rende compte que la situation joue en sa défaveur», résume l’autrice.
Exemple: quitter le nid familial. Visiblement, les filles sont plus pressées, partout en Europe: 25,5 ans pour elles, contre 27,4 ans pour eux (légère variation en Belgique: 25,4 ans contre 27 ans ; pensée émue pour les parents portugais ou croates qui doivent supporter leurs rejetons mâles quasi jusqu’à leurs 35 ans). Une statistique d’autant plus étonnante que ces demoiselles entreprennent, souvent, des études plus longues. C’est bien, chez môman, hein, les gars? Assiette sur la table chaque soir, chemises repassées dans l’armoire, même pas besoin de passer la serpillière. Hôtel cinq étoiles.
C’est bien, chez môman, hein, les gars? Assiette sur la table chaque soir, chemises repassées dans l’armoire, même pas besoin de passer la serpillière. Hôtel cinq étoiles
«Deux hypothèses pourraient expliquer ce départ plus rapide des filles, détaille Titiou Lecoq. D’abord, ne pas vouloir peser économiquement sur les parents. Ensuite, vouloir échapper à leur contrôle social, afin de pouvoir faire ce qu’elles veulent, avoir les fréquentations qu’elles souhaitent, faire la fête, s’habiller comme elles l’entendent… Les garçons sont sans doute moins fliqués.» Libérées, délivrées! Et plus en étant obligées de se marier, comme nos (grands-) mères, dans le temps.
Mais la vie en solo, ça coûte… Pendant que Tanguy squatte le domicile parental – logé, nourri, blanchi –, Tanguette s’assume. Et n’épargne pas (ou peu). «En cherchant à être indépendantes économiquement plus tôt, elles se contentent de moins et sont donc plus précaires, résume Titiou Lecoq. Tandis que les garçons vont attendre d’avoir une situation économique plus solide avant de partir.»
Selon une enquête d’ING, publiée en 2021, «les femmes disposent en moyenne d’une épargne moins importante que les hommes» ; 13% déclarent posséder une réserve de 50 000 euros (contre 24% des hommes). Autre analyse (de 2020, celle-là, et de l’assureur vie NN): l’inégalité face à l’épargne concernerait surtout les femmes âgées de 35 à 49 ans. Qui, par conséquent, se retrouvent financièrement moins bien armées en cas de séparation ou, plus tard, lors de leur retraite. Bah, c’est pas comme si les femmes vivaient beaucoup plus longtemps que les hommes, si?
(1) Analyse publiée en 2019. L’Office belge de statistique ne dispose pas de données plus récentes.
Dieu est-iel?
Faut-il arrêter d’utiliser le pronom «il» pour désigner Dieu? Voire: faut-il arrêter de dire «notre père»? Car Dieu, après tout, n’est pas un homme, mais un être transcendant… non sexué. Le débat agite actuellement l’Eglise anglicane, relate la RTBF. Des groupes de travail, réfléchissant à l’usage du genre dans la liturgie, en sont venus à se demander s’il ne serait pas préférable d’utiliser un pronom neutre, genre «iel». Amen?
3 000
musées en France. Et pas un seul consacré à l’histoire des femmes et de leurs combats pour l’émancipation. C’est pour combler cette lacune que s’est constituée, l’an dernier, l’AFéMuse, soit «l’association pour la préfiguration du futur musée des féminismes». Celle-ci vient d’annoncer qu’une première exposition temporaire se tiendrait en 2024, prélude à l’inauguration d’un musée permanent en 2027, à Angers. En Belgique, ensuite?
Racisme en gestation
Les mères noires les plus riches sont davantage susceptibles de mourir en couches ou d’être victimes de complications que les moins fortunées des femmes blanches: telle est la conclusion d’une récente étude de l’université de Stanford. Cela, en raison des «effets causés par le racisme structurant». Les mères noires sont trois à quatre fois plus susceptibles que les mères blanches ou hispaniques de mourir de complications liées à la grossesse et le facteur économique, souvent cité comme explication, ne serait donc pas une cause.
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