Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Pourquoi les hommes vantent (et exagèrent) leurs exploits sexuels

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Beaucoup d’hommes aiment parler de sexe. Enfin, parler… Se vanter, quoi. Quitte à (légèrement) exagérer. Mais les réelles discussions, échanges, questionnements sont plus rares. Du coup, difficile d’ »évaluer leur normalité ».

C’est l’histoire (vraie) de deux gars qui entrent dans un bar. Ils aperçoivent un pote en train de siroter un Negroni avec deux amies. Liège étant ce qu’elle est, les deux tablées n’en forment bientôt plus qu’une. Juste avant de commander une tournée générale (environ trois minutes après être arrivé dans l’établissement), l’un des deux gars glisse à ses nouvelles copines que le soir précédent, son comparse et lui ont participé à un «plan à quatre» (renseignements pris, il s’agissait apparemment davantage d’un accouplement simultané, mais bref). Voilà, une information capitale posée juste comme ça, dans une conversation dont la thématique n’avait aucun rapport avec la sexualité collégiale.

Si ces deux jeunes fanfarons avaient été français, ils auraient assurément fait partie des 20% d’hommes âgés de 25 à 34 ans considérant que pour être respecté au sein de la société, il faut vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis (fussent-ils très récents), selon le – peu glorieux – «Rapport 2023 sur l’état du sexisme».

Messieurs amplifient, mesdames minimisent. Le sexe, source de fierté chez les uns, de stigmatisation chez les autres.

Fanfaronner (quitte à forcer le trait): en voilà une qualité masculine! Qui se remarque même dans des études sur la sexualité des Européens, selon lesquelles les hommes auraient, en moyenne, au cours de leur vie, dix partenaires. Un chiffre probablement exagéré, décrypte le professeur Jacques Marquet (UCLouvain). Tandis que les femmes (quatre partenaires en moyenne) auraient tendance à avoir la mémoire trop courte.

Messieurs amplifient, mesdames minimisent. Le sexe, source de fierté chez les uns, de stigmatisation chez les autres. Pas sûr, d’ailleurs, que les partenaires des deux cocos susmentionnés aient raconté leur nuit à des inconnus en débarquant dans un café. Le don Juan vs. la salope (air connu).

Mais si certains hommes ont la langue trop pendue en évoquant leurs ébats, c’est généralement à coups de classieux «comment je l’ai défoncée!», «celle-là, je me la suis tapée» et autres «je l’ai prise par…». Plus rarement frimeront-ils en mentionnant le nombre d’orgasmes provoqués (peut-être parce qu’il n’y en eut pas un seul?). Signe, probablement, d’une sexualité autocentrée (coucou, le fossé orgasmique! ). Mais constat, aussi, du peu de communication masculine en la matière. De la vantardise, oui. Mais de la discussion, du questionnement, de réels échanges? Plus rarement.

«C’est tout le paradoxe masculin! Les hommes n’ont aucun point de comparaison parce qu’ils ne parlent pas entre eux et ne peuvent pas évaluer leur normalité, affirme Damien Mascret, sexologue et auteur du Dico-guide de votre santé (éditions Leduc), dans Le Figaro. Les hommes ont moins l’habitude de parler de leurs problèmes. Ils subissent davantage les diktats de la performance, surtout en matière de sexe. Tout ce qui peut être perçu comme un souci est « dévirilisant » et illustre un aveu d’échec.»

Sans surprise (coucou, la charge sexuelle! ), les innombrables livres et comptes Instagram censés briser les tabous sous les couettes sont d’ailleurs créés par des femmes, pour des femmes, à quelques exceptions près. Dommage. Car si entrer dans un bar et raconter ses exploits phallocentrés a un jour (? ) permis d’emballer une meuf, cette époque-là est en passe d’être révolue, et ce genre de vantardise risque de ne plus susciter qu’une dédaigneuse pensée, du genre: «Encore un qui doit situer le clitoris derrière l’oreille gauche.»

47%

des jeunes Anglais estiment que les filles s’attendent à ce que les rapports sexuels impliquent une agression physique, tandis que 42% pensent qu’elles apprécient les actes d’agression sexuelle, selon un sondage réalisé auprès de mille adolescents entre novembre et janvier dernier, et relayé par AFP. Sondage qui portait sur la pornographie, à laquelle la moitié des répondants de 13 ans avaient déjà été confrontés.

Les «expériences» de Christian N.

Son fichier Excel s’intitulait «Expériences». Christian N. testait toujours la même: faire passer un entretien d’embauche à une femme, à qui il offrait un café en ayant pris soin d’y verser un diurétique. Puis emmener la candidate en promenade, sur un parcours dépourvu de toilettes. Pour qu’elle soit obligée d’uriner en rue. Ou sur elle. Pendant que l’ancien haut fonctionnaire français prenait des photos. Plus de 250 femmes auraient été victimes de ses «expériences» entre 2009 et 2018, selon Mediapart. Il a été mis en examen pour «administration de substance nuisible», «atteinte à la vie privée» et «agression sexuelle».

«Une femme sur trois développera une forme de démence»

Lucie Leroux, de la fondation Alzheimer, sur levif.be

Sur 200 000 personnes atteintes de démence en Belgique, deux tiers sont des femmes. Si, pendant longtemps, l’espérance de vie supérieure a été le seul facteur d’explication, d’autres hypothèses émergent, comme la corrélation avec la dépression, à laquelle les femmes sont davantage exposées, ou la baisse de production d’œstrogènes à la suite de la ménopause.

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